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L’Italie selon Simonetta

Article du 3 novembre 2010

Il est le dernier Guépard. Sur son domaine de l’île d’Ischia, le prince Malo se confie au prêtre Saverio, qui fut le confesseur de quelques animateurs des Brigades Rouges. Le bilan de sa vie ? Celui du demi-siècle. Depuis les scandales de la Dolce Vita de Fellini, qui révèle les mœurs d’une Italie dissolue, à  l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades Rouges, qui trahit les compromissions – le lâchage – de la Démocratie Chrétienne, sans omettre les ramifications de la Loge P2, il raconte, annone, édicte, se livre. Mais est-ce réellement un repentir ?

Simonetta Greggio © DR

D’un pays figé dans ses traditions à une neuve société ébranlée dans ses croyances, il y a le mouvement du monde. Simonetta Greggio («  La douceur des hommes », « Col de l’ange », « Les mains nues »), qui est italienne, mais écrit un français très pur, mêle ici l’aveu et l’anecdote, le récit hard et le cut-up historique. Tandis qu’une belle marquise se fait besogner, devant son mari, par deux soldats de rencontre, sur une plage de l’Adriatique, la gare de Milan explose, le règne de la mafia sévit en Sicile, le cardinal Marcinkus gère avec une sournoise dextérité les finances du Vatican et un homme de medias et promoteur immobilier nommé Silvio Berlusconi prépare son entrée en politique.

Dense, touffue, foisonnante, cette fresque qui conte vingt ans d’Italie par le menu, mais explique aussi les trente années suivantes, hésite entre le roman-fleuve et le docu drama. Les parties fines de la haute société romaine y flirtent avec le drame politique et les complots économiques. Les caprices de la mode cachent les méandres de la politique.  En 1965, au club Piper apparaît la première mini-jupe italienne, tandis que les toiles d’Andy Warhol et de Bob Rauschenberg, mais aussi les collages/décollages de Mimmo Rotella éclaboussent les murs de leurs couleurs vives.

Le livre cite ses sources, nombreuses, qui sont des livres politiques et historiques, des listes de chansons, des ouvrages sur Pasolini, Fellini, Mastroianni. Offrant une musique d’ambiance, la recréation d’un décor, la restitution d’une époque, de son mouvement tourbillonnant. Simonetta Greggio a réussi un livre sur son pays d’origine, à l’image de ce que Francesco Rosi avait réalisé sur Enrico Mattei et son affaire. A la fois description en mosaïque, récit à plusieurs voix, dénonciation sourde. Dans le désert ?

Dolce Vita 1959-1979, de Simonetta Greggio (Stock, 408 pages, 21,50 €).

A propos de cet article

Publié le 3 novembre 2010 par

L’Italie selon Simonetta” : 2 avis

  • senin gibisi bulunmaz : il n’y a personne comme toi!

  • la lanterne

    à bloguer le Pudlo donne un sérieux coup de vieux à Simon-Says
    mais cette Simonetta Simon n’est elle pas la découvreuse du point G
    à la télévision ?
    ceci dit ça n’enlève rien à l’intéret du bouquin en question
    le sujet est magique et surtout rappelle plein de souvenirs
    à ceux qui l’on vécut

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