Au Lion d’Or

« Du côté de René Char »

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Article du 16 août 2010

Façade du Lion d'Or © GP

Robert  Velten est parti trop tôt, disparu, comme on dit, dans la fleur de l’âge. Mais cet aubergiste de tradition aura eu le temps de voir sa demeure devenir l’adresse dans le vent sous la houlette de son fiston Philippe qui a donné le « la » d’une grande rénovation moderne à cette belle halte de la Petite Pierre. Les soins par l’arbrothérapie, le bois dans toute la demeure, la pierre, plus des fresques dues à des artisans locaux : tout ici fait le coup du charme sur un mode zen.

Luc Hueber, le Kirchberg © GP

Auquel on ajoute une collection de tableaux signés Luc Hueber, dans les couloirs et dans le salon, lui qui fut le Cézanne local dans les années 30 à 60, et prit le vieux village, comme la redoute fortifiée pour sa Sainte Victoire à lui.

La salle à manger Lion d'Or © GP

Côté cuisine, une grande salle vaste et panoramique permet de voir venir le mouvement des choses. Et la carte qui joue la formule généreuse donne l’occasion de se faire plaisir sans ruiner. L’œuf poché au paprika, gaspacho et chorizo, le foie gras d’oie en gelée au pinot gris, l’omble chevalier juste raidi avec son Parmentier au caviar de hareng, sans omettre le gros sandre rôti avec son joli risotto à la tomate confite et estragon, son jus réduit façon armoricaine, ont du caractère. On les accompagne d’un joli riesling de Cleebourg médaille d’or (à 20 €, c’est la bonne affaire du moment) en sachant que tout ici est raisonnable.

Les desserts (crème brûlée au sirop de sapin bio et glace au noix, parfait au kirsch d’Alsace, soupe de fruits rouges et gaufre de la Kirb avec glace vanille Bourbon) sont dans le ton. Bref, voilà un endroit où René Char, s’il revenait dans ces parages qu’il fréquenta et aima durant l’hiver 1939/1940, serait heureux. Comme Robert Velten. A qui ses enfants ont dédié les belles paroles du poète :

La Petite Pierre, par Luc Hueber © GP

Les Parages d’Alsace

« Je t’ai montré La Petite Pierre, la dot de sa forêt, le ciel qui naît aux branches,

L’ampleur de ses oiseaux chasseurs d’autres oiseaux,

Le pollen deux fois vivant sous la flambée des fleurs,

Une tour qu’on hisse au loin comme la toile du corsaire,

Le lac redevenu le berceau du moulin, le sommeil d’un enfant.


Là où m’oppressa ma ceinture de neige,

Sous l’auvent d’un rocher moucheté de corbeaux,

J’ai laissé le besoin d’hiver.

Nous nous aimons aujourd’hui sans au-delà et sans lignée,

Ardents ou effacés, différents mais ensemble,

Nous détournant des étoiles dont la nature est de voler sans parvenir.


Le navire fait route vers la haute mer végétale.

Tous feux éteints il nous prend à son bord.

Nous étions levés dès avant l’aube dans sa mémoire.

Il abrita nos enfances, lesta notre âge d’or,

L’appelé, l’hôte itinérant, tant que nous croyons à sa vérité »

Retour Amont in Le Nu Perdu et autres Poèmes, 1964-1975 (Poésie/ Gallimard)

Au Lion d’Or

15, rue Principale
67290 La Petite Pierre
Tél. 03 88 01 47 57
Chambres : 80-110 €
Menus : 35, 48, 49, 63 €
Site: www.liondor.com

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Publié le 16 août 2010 par

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