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Magret/Ceresa, même combat!

Article du 20 mai 2017

Voilà un livre qui réconcilierait, si besoin est, les amateurs de bonne chère et de bons mots, de jolis mets, de tortore solide, de frichti sans défaut et de littérature ad hoc. Enfant naturel des amours croisées de Christian Millau et d’Alphonse Boudard, fils putatif d’Albert Simonin, enfant non dit de Curnonsky, mais élevé à la communale d’Aubervillers entre Robert Doisneau et Bob Giraud, Jules Magret alias François Cérésa (qui a le toupet de préfacer son propre ouvrage publié sous pseudo!) a rassemblé quelque 220 chroniques de Service Littéraire. Ce trublion du stylo qui est un as de la fourchette, un maestro du petit blanc et un habitué fugace des comptoirs de hasard nous raconte ses restaus de coeur comme ses coups de gueule furibards. Il aime la bibine solide et le confit de qualité, le cassoulet généreux comme la blanquette suave, se moque de la nouvelle ancienne tambouille, donne des gages à la tradition, pense, comme Bocuse, qu’il n’y a que deux sortes de cuisine : la bonne et la mauvaise.

De l’Ain au Rhône, de la Côte d’Or à la Gironde et de Paris à la Seine-Saint-Denis, sans omettre un détour par Monaco et Genève, il nous promène de rades de luxe en bistrots de bon ton. S’époumone à Paname, dans quelques maisons (trop) en vogue, livre ses hauts le coeur comme ses pépites, bref nous passionne sans trêve et nous fait (souvent) hurler de rire. Ce chroniqueur gourmand très vagabond est d’abord un lettré qui s’amuse. Le suivre ici et là, c’est forcément se garantir de joyeux instants de bonne humeur.

Merci à lui de nous régaler avec une telle richesse de vocabulaire et force calembours de mauve égout. Ce critique foutraque est un compagnon de table pile comme on l’aime: libre d’esprit, savamment fureteur, toujours de belle humeur.

PS: « Poupe », le bouleversant hommage à son père de François Cérésa, vient de recevoir le prix des romancières au tout récent Forum du Livre de Saint-Louis (Haut-Rhin).

François Cérésa © Maurice Rougemont

Touchez pas au frichti de Jules Magret, préfacé par François Cérésa (l’Archipel, 160 pages, 15 €).

A propos de cet article

Publié le 20 mai 2017 par

Magret/Ceresa, même combat!” : 1 avis

  • Guichard

    « quelque[ ] 220 chroniques ». « Quelque » quand il est suivi d’un nombre est invariable, Monsieur le grand littérateur des troquets à picole, pour qui lever le coude est un substitut de prendre la plume. Santé !

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