1728

Yan Lining et Géraldine Rumeau © GP

La demeure date de 1728 Ce fut, jadis, le noble hôtel Mazin Lafayette, bâti par Antoine Mazin, architecte militaire de Louis XV, avant d’être transformé en restaurant vraiment pas comme les autres par Jean-François Chuet. Yang Lining, qui jouait de la cithare, avant de se pendre d’amour pour ce lieu hors norme, le gère en douceur, avec amour.

Velouté de courgette © GP

On vient là pour le cadre riche d’histoire, mais aussi les beaux tableaux d’époque, les nobles tapis, les riches boiseries et le mobilier choisi. Les salons particuliers, pour deux, trois ou six convives, sont dignes de ceux de Lapérouse et les deux salles à manger, qui se transforment en salons de dégustation à l’heure du thé ou peuvent même faire office de bar aux heures de déjeuner (surtout la première), possèdent un vrai cachet.

Feuilleté de fruits de mer ©  GP

Bref, le lieu attire, séduit, retient. On sert là, sur tables sans nappes, avec il est vrai une porcelaine un peu banale au regard du reste, une cuisine qui n’est pas sans caractère, même si elle joue assez nettement l’optique traiteur, sous la houlette de la jeune Géraldine Rumeau, formée jadis dans le groupe Flo et passée au Cristal Room Baccarat. La formule du déjeuner, qui permet d’échapper aux rigueurs de la carte, est habile, sur un mode un brin fusion avec quelques épices.

Samoussa de cabillaud © GP

On goûte là le velouté de courgettes avec son émulsion de basilic et ses toasts de tapenade ou le feuilleté de fruits de mer sauce homardine avec ses brocolis, les samoussas de cabillaud (un peu surcuit ce dernier, emprisonnée dans sa fine pâte) au citron vert et à la coriandre,  avec sa poêlée d’asperges vertes croquantes – et un peu hors saison !- , ou encore la piccata de veau tendre (des Boucheries Lalauze) flanquée de ses amusantes pommes pont neuf de patates douces et de cresson.

Piccata de veau © GP

Le service est timide, voire un peu pataud, les vins au verre bien choisis, avec l’aide du voisin Marc Sibard des Caves Augé (comme cet exquis bordeaux château le Puy, tout de même tarifé 12 € le verre), et les desserts sont dans le ton du lieu: savants, mais vus ailleurs, comme les pâtisseries d’Arnaud Lahrer, dont une exquise tarte caramélisée au beurre salé, et bien d’ici, mais dans la simplicité bienveillante, comme ce Tutti Frutti maison qui est une salade de fruits en coupelle avec son gentil sorbet aux fruits exotiques.

Pâtisseries d’Arnaud Lahrer © GP

Bref, c’est amusant, bien vu, et même si ça ne va guère loin, gastronomiquement parlant, la demeure assure. Et le lieu a du chic, du charme, du caractère. De quoi lui pardonner bien des choses…

Tutti Frutti © GP