La Petite Alsace
« Bouxwiller : une winstub en péril »
Il éructe, ahane, peste contre lui-même dans sa winstub pittoresque sise au coeur de la petite capitale du pays de Hanau. Didier Fouillet assure qu’il est fatigué et va prendre sa retraite dans les mois qui viennent. Allez donc le voir avant qu’il ne tienne parole et que ce lieu précieux disparaisse ! Lyonnais rallié à l’Alsace par amour, passé chez le père Floranc à Wettolsheim et chez Gilbert Brenner au Pariser Stewwele de Colmar, Didier est, depuis deux décennies, le chef discret de sa ville, officiant en « one man chaud » aux fourneaux, revisitant le répertoire de tradition avec malice.
S’il est excentrique, imprévisible et n’en fait qu’à sa tête, sa colmarienne d’épouse Corinne assure le train-train de la maison avec componction et sérénité, expliquant les mets avec précision. Tarte flambée (proposée midi et soir ! – c’est rare -), salade vigneronne (qu’on nommerait aussi « strasbourgeoise »), revue et corrigée avec cervelas, gruyère, œuf poché et crudités, fleischnacka (autrement dit « escargot de viande), autrement dit du boeuf de pot au feu haché en pâte à nouille comme à Mulhouse font plaisir.
La choucroute avec son chou acide et digeste, sa charcuterie artisanale est également au rendez-vous, servie avec moutarde et raifort, comme la tourte vigneronne, avec sa viande marinée au riesling, sa pâte craquante. En dessert, on hésite entre le « fromage maison » comme un fromage blanc revu avec meringue, chantilly et liqueur de pêche, le saint Antoine (un fondant) au chocolat, un café liégeois ou le traditionnel vacherin glacé.
Les vins sont divers, comme le frais riesling signé Willm à Bart et la Fischer maison servie à la pression est dessoiffante. Voilà une bonne adresse qui fait honneur à sa région. Mais, armez-vous de patience, le patron prend son temps …