Les Trois Rois

Façade au bord du Rhin entre chien et loup © GP

Trois Rois sur le Rhin: c’est aux rois mages que s’adresse l’enseigne mythique de ce qui est sans doute la plus vieille auberge d’Europe. Il y eut là un lieu d’accueil face au « Vater Rhein », dès 1026. Les ouvrages d’époque attestent la présence d’une auberge dite les Trois Rois en 1681. Nous sommes au 8 Blumenrain, face au fleuve et au Schifflände, point d’accostage des bateaux, hier de marchandises aujourd’hui de voyageurs.

L’enseigne © DR

C’est, en 1754, que l’aubergiste Johann Christoph im Hof fait poser sur la façade de son établissement trois figurines de bois représentant les rois mages en guise d’enseigne. Depuis les propriétaires se sont succédé, à commencer par le riche tailleur Johann Jakob Senn qui acquiert l’auberge en 1842, la fait démolir et charge l’architecte bâlois Amadeus Merian de la reconstruire entièrement en 1844. L’hôtel alors est proche de sa physionomie d’aujourd’hui avec ses façades nobles, ses terrasses, sa galerie intérieure.

Galerie intérieure © GP

Les visiteurs célèbres s’y succèdent. Napoléon y était venu en visite en 1797, Théodore Herzl y réside du 26 au 29 août 1897 et y pose les bases de l’Etat d’Israël durant le premier congrès sioniste qui a lieu à Bâle à ce moment là. Thomas Mann, Picasso, Elisabeth II s’y croisent encore. Puis tous les grands visiteurs de l’Art à Bâle. Durant leur fuite de Mulhouse, alors que leurs usines sont occupées et leur magnifique collection de voitures réquisitionné, les frères Schlumpf s’établissent au dernier étage des Trois Rois.

Une chambre © GP

En  1976, le comte Guy du Boisrouvray, qui possède plusieurs hôtels en Suisse, dont le Bristol à Genève, le reprend. Sa fille Albina, productrice de cinéma le cède au groupe Richemond en 2000 qui ne le garde que quatre ans. En 2004, Thomas Straumann, pur bâlois et n°1 mondial des implants dentaires, le reprend avec allant et fierté. Il y entreprend une vaste rénovation destinée à le mettre aux normes, avec l’architecte local Christian Lang. Il rachète également l’immeuble voisin au 2 Blumenrain qui appartenait à l’Office de Tourisme, y implantant salons, suite moderne, salle de bal et de conférence.

Le service © DR

Les Trois Rois d’aujourd’hui mixent en douceur charme ancien, confort moderne, balcons intemporels, cumulant salle de gym très fonctionnelle, avec vue sur l’eau, couloir décorés de tableaux rares, cave immense visible au sous sol, salons pour amateurs de cigares, bar feutré et panoramique, brasserie très gourmande, grande table à l’enseigne du Cheval Blanc. Le personnel accueille en toutes les langues. Mais l’enseigne demeure en français, comme dans le temps. Un signe!

Les clés © DR