Le Comptoir & la Table

André Lemarié © GP

C’était la table douce, copain/copain, proche du port de Deauville, façon Claude Sautet, avec son mobilier de brocante, son ambiance délurée, ses risotti en folie, sous la houlette de Michel Saggioro. Le bon Michel a vendu à André Lemarié. Et ce jeune ancien du Normandy local, de la Cantine des Gourmets à Paris et de la Palme d’Or à Cannes, au temps de Christian Willer, a du mal à se glisser dans ces habits taillés trop grands pour lui.

Salade de roquette, parmesan, artichaut © GP

Il reçoit, certes, avec gentillesse et timidité, n’a rien changé en apparence à la demeure, a conservé l’équipe de salle et de cuisine. Mais quelque chose de la musique d’antan semble cassé. Certes, il n’y a pas grand chose à dire à l’esprit maison qui demeure. Et le bon coût est évidemment le petit menu de semaine à 20 € proposé à l’ardoise et qui change. Oeuf poché au parmesan, duo de la mer (cabillaud et saumon) avec ses petites purées de carottes (banale et fade) et de pomme de terre (pas géniale, certes, quoique correcte), poire pochée et glace caramel passent ici avec aisance.

Oeuf poché au parmesan © GP

On est plus circonspect sur une carte plus coûteuse, une ardoise du jour également onéreuse proposant des vins tarifés sans ménagement (chablis les grenouilles de la Chablisienne plus chère qu’au Ciro’s ou corton-charlemagne de Jadot à 140 €) qui indique que là, en dehors du petit menu maison qui fait plaisir aux retraités et vrp habitués du midi, il s’agit « de faire du chiffre ».

Sole « grillée sauce vierge » © GP

Reste que la salade d’artichaut, roquette et copeaux de parmesan, comme la sole riquiqui, présentée déjà découpée et « préparée » avec sa fausse sauce vierge (en fait un filet d’huile d’olive, après avoir été poêlée meunière et non grillée, comme annoncée sur la carte, et pourvu des mêmes purées de légumes façon purées de bébé que les poissons du menu, ne font pas rêver.

Duo de la mer © GP

Ma voisine qui avait l’air de se délecter avec ses escargots (à 20 €) semblait renâcler un brin sur son risotto à la truffe (36 €). Le cidre de Daufresne à Ouilly-le-Vicomte est, lui, une bénédiction qui rappelle à point qu’on est en Normandie.

Poire pochée, glace caramel © GP