Quand Michel Déon s’amuse… il imagine un bébé trouvé dans un panier à la porte des gardiens d’un domaine normand, à Grangeville, près de Dieppe, qui deviendra un jeune homme fringant et séducteur. On suit ainsi les aventures de son tout jeune héros, Jean Arnaud, champion d’aviron, expert en vélo, qui ira accomplir son éducation sentimentale à Londres, Rome, puis sur la Côte d’Azur, sans oublier Paris. En parallèle, on emprunte l’itinéraire d’Antoine du Courseau, maître du fameux domaine normand fou de Bugatti – il change de modèle chaque année ! -, qui sème les conquêtes au long de route du soleil, avant de s’enraciner du côté de Saint-Tropez, où il se montrera collectionneur de talent et de hasard, multipliant les acquisitions de Derain, Matisse, Vlaminck, et les enseignes portant son nom. Il y aura chez Antoine à Saint-Tropez et à Menton… Mais on ne vous racontera pas tout. Michel Déon, qui a sans doute pensé à son collègue et ami hussard, Jacques Laurent, alias Cécil Saint-Laurent, qui s’était offert là, une jolie récréation historique et sensuelle avec « Caroline Chérie », s’est accordé, après les plus sérieux « Poneys Sauvages » (1970) et « Taxi Mauve » (1973), le luxe d’un succès populaire de bon ton. Sa Caroline à lui est un jeune homme musclé et malicieux à qui peu de femmes résistent, aristocrates ou mondaines. Voilà une lecture délicieuse (datant de 1975) qui, traverse à toute allure la France des années 1920-30, celle de l’immédiate avant-guerre, et fait la plus délicieuse des évasions de confinement. Toujours amusante, judicieuse, actuelle. Il y a, bien sûr, une suite, « les vingt ans du jeune homme vert », paru  deux ans plus tard, où l’on retrouve Jean Arnaud et son ami malicieux Constantin Palfy, un tantinet escroc et pas mal charmeur. Mais c’est déjà une autre histoire…

Le jeune homme vert de Michel Déon (Folio/Gallimard, 335 pages, 10,30 €).