En Alsace, avec les écrivains

Article du 21 mai 2016

Voilà, en exclusivité pour les lecteurs de ce blog, la préface de mon livre sur l’Alsace des Ecrivains. Un prélude comme invite à un voyage dans la belle province d’entre Vosges et Rhin en vingt six chapitres…

couverture

« Quand on a eu le bonheur de naître dans les Vosges, entre le Haut-Barr, le Nideck et le Gerolstein, on ne devrait jamais songer aux voyages. Où trouver de plus belles forêts, des hêtres, des sapins plus vieux, des vallées plus riantes, des rochers plus sauvages, un pays plus pittoresque et plus riche en souvenirs mémorables ?»
(Erckmann-Chatrian)

Erckmann-Chatrian © DR

Erckmann-Chatrian © DR

C’est un livre comme une histoire d’amour. Une promenade dans un petit paradis, si convoité, français depuis le traité de Westphalie (1648), annexé par la Prusse, avec sa voisine Moselle (de 1871 à 1918), puis à nouveau par l’Allemagne nazie en 1940, qui a su garder, malgré les invasions, les annexions, ses traditions, sa belle nature joyeuse, sa fierté naturelle, sa vivacité profonde.

Un pays à part, entre Vosges et Rhin ? Il y a de ça. Les écrivains l’ont visité avec passion. Goethe est tombé amoureux de Frédérique Brion, la fille du pasteur de Sessenheim, Voltaire a trouvé un havre à Colmar, mais aussi à Luttenbach, dans le Val de Munster, alors qu’il fuyait les assiduités de Frédéric II et les assauts de Louis XV. Victor Hugo et Gérard Nerval ont été éblouis par la cathédrale de Strasbourg, tandis qu’ils cherchaient à découvrir la magie du Rhin.

Savante Alsace, mouvante Alsace : à la fois séductrice et passionnée, statique et si variée, champêtre et citadine, riche de légendes, guettée par les sorcières au pays de Hanau, les poètes vers le Nideck ou le Sundgau, si propice aux traits de crayon des imagiers qui la vantèrent comme aucune autre.

Illustrateurs, peintres, marqueteurs, mais aussi diaristes, nouvellistes, conteurs, photographes et sourciers sont les Spindler, les Hansi, les Ungerer, les Untereiner qui se faufilent avec alacrité entre ces pages.

Nous avons suivi pas à pas le fil de la belle province, avons ouvert des portes aux voyageurs, permis, du moins, le croyons-nous, aux visiteurs lettrés d’aujourd’hui de se frayer un chemin, d’en inventer de neufs. On pourra croiser Guillevic à Ferrette, Albert Schweitzer du côté de Munster, Jean-Paul Klee au Struthof, Marcel Schneider ou Max Genève à Mulhouse, Bernard Frank à Haguenau, Gustave Stoskopf à Brumath, Claude Vigée ou André Maurois à Bischwiller, Marcel Schneider encore Wasserbourg, Claudie Hunzinger à Labaroche, Gérard Pfister à Orbey, Erik Orsenna à Moernach, Maxime Alexandre dans le Ried, Jean Egen dans le Florival, René Schickelé ou la Baronne d’Oberkirch à Obernai et puis tout le monde, à commencer par la grande foule des Romantiques, à Strasbourg.

Ce livre-ci est un voyage. Nous parlions, en liminaire, d’un acte d’amour.

Il l’est, le demeure, pour une région qui a suscité tant d’espoirs et de vocations. On s’est battu pour l’Alsace-Lorraine, jadis, si bien que l’on est tout heureux de retrouver l’Alsace, à la fois attachante, séduisante, charmeuse, replète, singulière et toute entière elle-même, dans une grande région de l’Est, dont Strasbourg doit être la capitale, sinon le centre.

De cette nature alsacienne, irréductible aux changements administratifs et historiques, fière de sa double nature – française et germanique -, soumise à ce « génie du Rhin », dont parlait Maurice Barrès, lors de ses sept conférences données, dans les années 1920, à l’université de Strasbourg – face à laquelle trône une statue de Goethe -, ce livre-ci est le témoin.

Puisse-t-il donner l’envie aux lecteurs, à leur tour, de découvrir leurs territoires, leurs sillages, leurs textes de prédilection. La première richesse de l’Alsace est bien d’être un terreau fertile pour tous ceux qui en tombent amoureux.

Bernard Frank © Maurice Rougemont

Bernard Frank © Maurice Rougemont

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Publié le 21 mai 2016 par

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