Qu’est-ce qui rapproche Chirac de Hollande? Sinon la Corrèze, et, à travers ce département qui flirte aussi bien avec l’Auvergne que le Périgord, tout en s’insérant dans le Limousin, une certaine idée de la politique à la française, « au cul des vaches ». Denis Tillinac, à qui on doit le mémorable « Spleen en Corrèze » et qui fut jadis localier à Tulle – il gîte à Auriac, en lisière de la Xaintrie – , raconte par le menu l’itinéraire croisé de ces deux grands fauves de la politique. S’il se situe, bien sûr, du côté de « Chirac le Gaulois », auquel il consacra jadis un ouvrage énamouré, il ne se départit pas d’une certaine sympathie pour Hollande et son côté franc camarade. Des méandres de la politique politicienne, entre Meymac et Brive, Tulle et Sarran, rien ne lui échappe. Incollable sur l’histoire petite et grande, les querelles intra-gaullistes et notamment le duel Charbonnel-Chirac, riche de nombreuses anecdotes, multipliant les confidences amicales, il peut se perdre en évoquant les socialistes (p. 175, Jean-Yves Le Drian, qui fut député-maire de Lorient et renvoyé à… Cherbourg!). Mais la sensibilité des uns et autres, leurs petites querelles, leur pouvoir de séduction lui fournissent de belles pages évoquant l’ascension et les glissements de terrain des uns et des autres. Denis Tillinac a le regard du poète, du troubadour pour ces hommes et ces femmes, de Raymond-Max Aubert à Bernadette Chirac, sans omettre Sarkozy, qui meublent ce parcours tortueux narré avec brio, malice, tendresse.

Chirac, Hollande, une histoire corrézienne, de Denis Tillinac (Plon, 250 pages, 17,90 €).