Restaurant Tim Raue
« Berlin : à la découverte de Tim Raue »
Il est la star non dite de Berlin, développe sa ligne, raconte sa vie dans son livre (« My Way »), évoque ses années difficiles : l’enfant pauvre de Kreuzberg, qui aurait pu devenir architecte, faillit devenir un voyou, a trouvé sa rédemption dans la cuisine. Homme de l’art, concevant sa belle table comme une galerie d’art, avec ses inclinaisons évidentes pour l’art chinois (surtout au sous-sol), il a développé les tables comme ses bistrots néo-asiatiques (Ma Tim Raue) et franco-français revus à l’allemande (Colette Tim Raue, la Soupe Populaire).
C’est chez lui qu’il faut découvrir sa cuisine, son univers, ses plats stars dans un lieu qui a gagné ses deux étoiles au Michelin et une place d’honneur au 50best, qu’il fait le découvrir. Germano-française avec des influences sino-nippones, sa cuisine bouscule, invente, recrée, bouleverse, titille (beaucoup de sucré/salé). Et le lieu clair, lumineux, avec ses grandes toiles modernes et son service relax en baskets, séduit sans mal, à deux pas de Check Point Charlie et du musée juif imaginé par Daniel Libeskind.
Ce qui vous attend là , au gré d’un menu symphonie, équilibré, souvent donné le midi, plus onéreux le soir: caviar impérial, concombre au vinaigre de riz, gelée de yuzu, tartare de maquereau mariné, wasabi, oseille et mousse de sprat, saumon ikarimi confit à l’huile d’olive, tomate et anis étoilé et vinaigre de riz, langoustine frite à la cantonaise, passée au wok, pourvue d’une mayonnaise au wasabi, d’une sauce poisson, mangue, carotte et riz vert frit (un peu riche) ou encore poulet au saté, mangue et cacahuète.
Il y a encore ce morceau de bravoure, très « germano-sino-nippon » : le jarret de porc revu à l’asiatique, avec dashi, moutarde japonaise et gingembre, généreux, copieux, enraciné, qui pourrait faire tout un repas et donne l’occasion d’un joli service au guéridon. Là -dessus, les vins d’ici et d’ailleurs virevoltent, d’Allemagne, d’Autriche, de France, de Californie, manière d’indiquer que, chez Tim Raue, la gourmandise n’a ni frontière ni oeillères.
D’ailleurs, c’est un rivesaltes 1968, issu d’une longue cuvaison en barriques, signé des Parcé à Collioure, qui accompagne le plat signature de la maison: un canard à la pékinoise avec sa poitrine laquée aux cinq épices, sa terrine de foie gras au vinaigre de concombre, son bouillon aux abats et champignons. Séducteur et assez craquant!
En issue, on joue le plaisir d’enfance et l’art sans chichi, avec le cheesecake au chocolat dulcey de Valrhona, caramel au beurre salé, confiture de citron coréen, le tout présenté comme une carpe à la chinoise. Il faut venir chez Tim Raue pour comprendre ce qui se trame dans le nouveau Berlin gourmand!