Im Weissen Rössl
« St Wolfgang: les bonheurs du Weisses Rössl »
C’est un hôtel légendaire face à un joyau des Alpes. Le Cheval Blanc de Wolfgang See? Pas seulement une auberge d’opérette, mais un lieu vaste, plaisant, fonctionnel, rassemblant maison du village entre l’église et le lac, avec sa piscine à fleur d’eau, flottante, posée à même le Wolfgang See, son spa, ses salles variées, ses tables avenantes, son buffet du petit déjeuner plantureux que l’on prend au buffet face à la lumière du ciel et aux montagnes du Salzkammergut.
Bad Ischl, la ville d’eau prisée de Sissi et de Franz Joseph est à quelques pas. Ici règnent les Peter depuis cinq générations. Qui font perdurer le mythe avec éclat, rénove les chambres et les salons divers, prennent soin de leurs vieux meubles Bidermaïer (demandez la chambre 51 qui est le joyau du genre avec ses deux fenêtres panoramiques, qui semble attendre le retour de Stefan Zweig au pays).
Il y avait la pièce de 1889, signée Blumenthal et Kadelburg, vite tombée dans l’oubli, puis l’opérette de 1930, signée Ralph Benatzky, sur un livre d’Erik Charell et Frantz Muller, qui fera le tour du monde. Elle a été mainte adaptée au cinéma, connaît une gloire universelle. D’où ces troupes (pacifiques) de touristes japonaises qui arpente par grappe le village et son église de pèlerinage.
L’auberge a gardé sa façade intacte, savamment repeinte en rouge, agrandie de multiples appendices, avec ses couloirs qui font faire le tour du domaine. Gudrun Peter, dernière du nom, gère la demeure avec coeur, avec son pêcheur et éleveur de poisson de mari, Olivier Trutmann, tandis qu’un personnel nombreux et souriant s’affaire à votre bonheur. En cuisine, le sage Peter Dengg, qui a travaillé au Rote Wand de Zug/Lech, joue une partition modérément régionale qui revoit à sa sauce fine les classiques d’ici et d’ailleurs.
La crème d’asperges, la salade César aux crevettes, l’omble chevalier lentement et longuement cuit, demeuré rosé sur son risotto vert à l’ail des ours, comme l’agneau au céleri et à l’oignon rouge incitent à prendre pension. Et les desserts, qui sont souvent un moment fort en Autriche, signé du talentueux Gerhard Spreizer (du classique Kaiserschmarren à la moderne trilogie de banane, version glace, mille-feuille ou chocolat façon brownie, avec pesto au yuzu) sont simplement craquants.
Bref, voilà hors norme, hors mode, conforme à sa légende. En mieux…