Villa Mandarine

« Rabat: une halte à la Villa Mandarine »

Article du 22 août 2010

C’est une demeure de rêve, au calme d’une orangerie. La mer est proche. La ville n’est plus qu’un lointain murmure. Nous sommes à Rabat, la capitale du Maroc, qui n’a rien d’une mégalopole trépidante, même si elle compte plus de 500000 habitants, mais dont chaque quartier a su garder son identité propre.

La Villa Mandarine se trouve à Souissi qui offre ses avenues verdoyantes et roulantes, ses demeures blanches et hautes, cachées dans un jardin clos. La maîtresse de maison se nomme Claudie Imbert. Elle est française, native du Maroc, n’a jamais quitté son pays d’adoption. Son père possédait jadis un hôtel à Ifrane. Elle a créé son domaine propre, charmeur, au cÅ“ur d’une propriété familiale qui n’attendait qu’un coup de baguette magique de sa part.

3 ha de terrain, des orangers à profusion, un jardin policé qui semble s’épanouir à merveille sous le soleil de Rabat, une construction double, au vert, qui se décompose en une partie commune avec ses salons, sa salle à manger comme une verrière, son bar, sa salle de billard, ses salles de conférences à l’étage, puis, glissant à travers un SAS comme un aquarium, l’hôtel proprement dit avec son patio : voilà une demeure comme  un rêve.

Aidée par l’architecte Aniss El Bied, Claudy Imbert a placé la ses idées (ses « fantasmes architecturaux », dit-elle), mais aussi son « musée imaginaire », avec ses multiples reproductions de tableaux célèbres ou inconnus, avec ses signatures que l’on croit deviner aussitôt et qui deviennent vite familières: Matisse (à Tanger), Frida Kahlo, Auguste Macke, Diego Riviera, Picasso et tant d’autres.

Cette spécialiste de l’histoire de l’art qui enseigna, passionnée, par la civilisation mauresque a su composer un domaine comme on imagine une symphonie heureuse. Il y a ces suites avec leurs moucharabiehs, ce bleu Mogador ou Marrakech, ce patio sur deux étages en galeries dont on ne sait plus s’il est ancien ou récent, ces murs couverts de faïences de Fès ou de Salé.

Un Maroc à elle? Il y a de cela sans doute, auquel on aurait ajouté les couleurs de la Provence en liberté. Lorsqu’elle reçoit ses invités, Claudie Imbert, qui possède aussi sa maison, à elle, avec ses colonnades mauresques, sa bibliothèque boisée, sa salle à manger feutrée, sa chambre gaie et pimpante, met les petits plats dans les grands. Elle aime surtout la quiétude enchantée de son jardin sous les ombrages.

Cela ressemble à un conte de Colette tirée des « Vrilles de la Vigne » ou de « Campagnes et Paradis ». La table est dressée pour la famille et les amis et c’est comme une sorte d’invite offerte à tous, une dînette aux champs comme dans un tableau de Renoir. Il y a Antoine, son gendre, qui travaille avec elle, et gère le domaine, ses filles, Nathalie et Pascale, sa petite fille Capucine et son ami Medhi, mais aussi Hicham et Bouchra Rhamoune, qui travaillent à la toute voisine ambassade d’Espagne.

Les plus jeunes des petits enfants, Ninon, Léa, Zoé et Raphaël, passent, espiègles et tendres, goûtent une amande ou une olive, tandis qu’on leur épluche une orange. Le repas de ce jour? Il sera marocain, confectionné à quatre mains, par Mohamed Ghazouani, originaire d’ici, et Wolgang Grobauer, bavarois francophile, jadis formé au Négresco à Nice du temps de Maximin, qu’on connut à Hambourg aux Cölln’s Austerstuben, et qui a été gagné ici par le charme de la demeure et du pays.

Il y a ainsi la harira, cette soupe complète, avec herbes, tomates, pois chiches, levain, que l’on a coutume de goûter le soir, durant le ramadan, puis le moelleux tagine d’agneau aux gombos, un légume fibreux qui ressemble à un petit piment, et aux coings, enfin la fine pastilla au lait, légère comme un souffle, avant le thé à la menthe servi sans excès de sucre et les pâtisseries marocaines, cornes de gazelle, briouates sucrées ou petits bracelets aux amandes. C’est, bien sûr, Mohammed, le sous-chef, qui veillé en premier sur ce repas-ci qui fait plaisir à tous par sa fraîcheur et ses parfums subtils reflétant la gourmandise marocaine.

Mais une autre fois, ce sera Wolfgang qui aura imaginé des saveurs méditerranéennes frottées à la tradition d’ici : un cappuccino d’araignée aux petits pois à la menthe, un raïf caramélisé avec son escalope de foie gras et figues, une poêlée de poulpes aux gnocchi servi comme en Toscane, un agneau braisé aux graines de grenade parfumé au raz al hanout .

Et puis encore le mille-feuille de framboises et fraises de la vallée du Loukkos et le « puits fragile » au cacao et son « sublime » au chocolat qui viendront compléter un autre repas de fête. Les vins, capiteux, de Mogador, issus de grenache, syrah, mourvèdre, ou du Val d’Argan, près d’Essaouira, ou ceux encore dits « S de Siroua », à base de syrah, produits à Ben Slimane, non loin de Casa, arroseront ces agapes avec componction.

Les fêtes gourmandes se renouvellent sans cesse en riant à la Villa Mandarine. Claudie Imbert mettra la dernière touche à l’ornementation de la table. Cette enchanteresse, qui décore en s’amusant, accueille avec une belle humeur constante, joue son rôle d’hôtesse avec l’évidence du naturel. Céder à son invitation, c’est être sûr de passer un moment heureux.

Villa Mandarine

19, rue Ouled Bousbaa
10000 Rabat
Maroc
Tél. +212 (0)5 37 75 20 77
Chambres : 190-225 €
Menus : 20 € (déj.)
Carte : 31-41 €
Site: www.villamandarine.com

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Publié le 22 août 2010 par

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