Hermitage
« Breuil-Cervinia: au bonheur des Neyroz »
Un bel hôtel de montagne façon palace des neiges avec son bois omniprésent, ses teintes douces, son personnel stylé, son bar accueillant, sa cuisine fine, italienne, dans le ton du pays valdôtain, avec des grâces légères: c’est la maison des Neyroz. Corrado – qui, à quatre voix près, a bien failli être président des Relais & Châteaux cette année -, son père, sa mère, sa tante veillent au grain, accueillent avec chaleur, donnent le ton d’un lieu au pair, au « top » du luxe régional. On aime les chambres aménagées avec un soin absolu, la belle literie, les meubles très « Côté Montagne », le Spa la Prairie.
Et on fait l’éloge d’une table – la Chandelle – qui s’affirme au sommet de son registre, sous la houlette du chef Robert Pession. Le service est vif, prompt, alerte et élégant, non sans gaieté. Bref, on est bien en Italie. Ce que confirment la variation d’artichauts avec sa bagna cauda sauce à l’anchois, l’oeuf poché en fils de pâte façon kadaïf avec fondue de Fontina, asperges vertes et truffes noires, les tagliolini maison à la farine de kamut aux courgettes nouvelles, les lasagnes au fromage de chèvre et artichauts sautés, les exquis fagottini farcis de jarret de veau aux cèpes avec légumes croustillant et beurre d’alpage, un morceau de bravoure de la demeure comme le superbe cochon de lait caramélisé (si tendre!) avec sa compote de pommes reinettes.
On n’oublie pas la ronde des fromages de montagne sur un chariot exceptionnel, servis avec leurs moutardes de fruits, le bel exercice du sabayon au muscat d’Asti, exécuté en salle comme à la parade, le semi-freddo sauce chocolat noir, le succès au mont blanc ou l’arachnéen mille-feuille. Plus les vins choisis par le sommelier Simone Grange, qui épousent à merveille, ces agapes de fête: petite arvine et syrah les Crêtes, Arline liquoreuse issue de raisins surmaturés de chez Anselmet. Une manière de chanter le Val d’Aoste gourmand, chaleureux, éternel.