GästeHaus Klaus Erfort
« Sarrebruck : chez le magicien Erfort »
Il est, depuis quelques années déjà, le trois étoiles étranger le plus proche de Paris : 1h50 pour atteindre Sarrebruck depuis la gare de l’Est. Un repas au jardin, dans sa demeure particulière, chic, blanche, sur le mode 1900, qui abrita jadis le siège des Houillières de la Sarre, est un pur bonheur. L’intérieur a été revu contemporain. Le service est jeune, prompt, dynamique. Certes, le français Jérôme Pourchère, qui fut le maître d’hôtel de fondation, est parti pour d’autres aventures. Mais le lieu continue avec son chic, son brio, sa sobriété conquérante.
Et la cuisine de Klaus Erfort, Sarrois, formé jadis en Forêt Noire chez Harald Wohlfhart, au Schwarzwalstube de Traube Tonbach et au Bareiss de Mitteltal, qu’on découvrit à ses débuts au Park Hôtel de Völklingen, n’a jamais été aussi brillante: vive, nette, sans chichi ni fioritures, usant de produits d’exception, au service d’une cuisine naturelle et de saison. Petits amuse bouche, avec les profiteroles au foie gras, les bouchées de pommes de terre croustillantes au caviar, l’huître à l’eau de tomate ou encore le formidable saumon mariné avec sa variation glacée au concombre vous séduisent en liminaire.
Puis les choses sérieuses commencent avec la ricotta au citron d’amalfi, sauce caviar, plus poireaux blancs et coquillages, le médaillon de turbot aux artichauts (avec ce formidable jus vinaigré à l’artichaut), l’œuf en cuisson douce avec ses truffes australiennes d’hiver, sa peau de volaille frite, sur lesquels viennent en contrepoint le splendide riesling Doennhoff de la Nahe et l’élégant chardonnay Sops du Palatinat.
Ensuite ? La si jolie tarte aux tomates, aubergines, avec sa langoustine cuite en croûte de sel au jus de crustacé. Et encore le tendre dos de chevreuil avec sa purée de céleri et sa gelée de cassis sur lequel la bouleversante syrah de Knipser joue l’accord parfait. Les desserts sont à l’unisson du reste: pêche grillée, yaourt et verveine et délice de cerise, chocolat, fleur de sureau, pistache. Avant des petits fours de haute tenue dont de petites tartelettes framboises à tomber par terre. Alors, 3 étoiles, Erfort ? Au moins…
Magique dans l’assiette.
Un point négatif, le sommelier n’est pas branché vins naturels…