Voici, en exclusivité pour les lecteurs de ce blog, la préface du Pudlo Alsace 2016, qui sera jeudi prochain 26 en librairie.

Tout bouge en Alsace. 2015 aura été l’année du grand chambardement. Les valeurs établies changent de main, les demeures d’avenir se créent et s’ouvrent en rafale. L’avenir de la province – qu’on croyait fondu dans une grande région Alsace Lorraine Champagne – se profile sous un beau jour, car le siège, quoiqu’il arrive, de la neuve région en cours, sera basé à Strasbourg.

Bref, l’Alsace demeure maîtresse d’elle-même rebat ses propres cartes avec sûreté. Si le Crocodile a changé de propriétaire, il demeure, avec Cédric Moulot, en de solides mains. Si Jean-Georges Klein s’est éloigné de l’Arnsbourg (qui se trouve, rappelons-le, en Moselle), c’est pour s’installer à Alsace, à Wingen-sur-Moder, à la Villa Lalique, lui qui y est né à Ingwiller et ne s’est jamais trop éloigné de son berceau.

Ce faisant, l’Arnsbourg demeure une grande table avec un nouveau chef de talent, Philippe Labbé, tandis que d’autres émergent avec allant. Notre chef de l’année ? Un Breton rallié à l’Alsace depuis plus de deux décennies, devenu le chantre du Val de Munster : c’est Bernard Leray à Whir-au-Val.

Jérome Jaeglé © GP

Notre révélation de l’année ? Un natif de Kaysersberg, revenant à ses sources, créant l’Alchémille en lieu un place d’un ancien café PMU. C’est Jérôme Jaeglé, qui aura accompli le tour de France des popotes et concouru pour le Bocuse d’Or, avant de retrouver ses racines. On pourrait souligner encore la montée des outsiders, celle Pierre Irion au Côté Lac de Schiltigheim, mais aussi le tout jeune Michael Schlienger, qui confirme la belle assiette du Bœuf Noir d’Hésingue ou de François Golla au Bœuf Rouge de Niederschaeffolsheim.

Allez ! On ne va pas refaire ni commenter tout notre palmarès cette année qui aurait pu être aisément deux fois plus important. Du Nord au Sud, de Morsbronn à Moernach, autour dire de l’Outre Forêt aux parages du Sundgau (où se trouve Jean-Bernard Hermann, notre « rapport qualité prix » de l’année), l’Alsace montre qu’elle n’a jamais été aussi riche aussi diverse, aussi profuse, aussi généreuse qu’aujourd’hui.

Entre Wissembourg et Ferrette, Saverne et Colmar, on peut manger bon et même délicieux à tous les prix, dans tous les styles. Un Italien de qualité à Zimmersheim près de Mulhouse (Aromi & Sapori), une winstub nouvelle vague (le Rutsch) ou ancienne (Le Pont Corbeau) : voilà ce que vous trouverez là, en compagnie de pâtissiers (n’est-ce pas les Helterlé ?), boulangers, fromagers de qualité.

De la diversité alsacienne, de sa générosité, de son savoir-faire et de son art de recevoir, ce guide 2016 est le reflet. L’Alsace est entrée de plain pied dans le nouveau siècle, sans abandonner ce qui fait sa caractéristique première : le sens de l’accueil et de la convivialité. Un repas au Musauer Stuebel, notre « bistrot de l’année » et une arrivée souriante au Loejelgucker, notre « accueil » à fondre et vous comprendrez ce que le mot hospitalité veut dire.

Vive donc l’Alsace qui change sans jamais cesser d’être elle-même. Pour notre plus grand bonheur.

Pudlo Alsace 2016, par Gilles Pudlowski, ed. Michel Lafon