Le Murat

« Murat (Paris 16e): Quand Bucher cède à la manière Costes »

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Article du 14 juillet 2010

L’ambiance du Murat

Question à 65 € par tête: où déjeuner à Paris, un quatorze juillet, alors qu’il est tard, que tombent des trombes d’eau du ciel et qu’on n’est pas très sûr de son (bon) goût ce jour d’été gâché par les questions d’actualité. Dans un Costes, bien sûr. Donc, voilà le Murat, pile à la porte d’Auteuil, dans un cadre très « retraite de Russie », façon isba chic, signé Garcia (et réussi). D’ailleurs, Benoît Duquesne et David Pujadas, stars de France 2, qui figurent en bonne place au centre de la salle animée, devisent devant les nems de poulet au basilic thaï et la sole du jour.

On est là, dans un coin à observer le mouvement des choses. Et l’on se dit que les Costes ont tout compris de l’air du temps, qu’ils savent faire payer (cher) des nourritures de qualité, quoique sans génie, à une clientèle triée sur le volet, bien heureuse de dépenser pour un seul plat ce qu’ils mettraient ailleurs pour un menu entier dans un bistrot en vogue. L’ironie du sort veut que le lieu, griffé par eux, ne leur appartienne plus, mais ait été racheté par Jean-Paul Bucher qui fait tout – ou plutôt rien du tout – pour que ça ne sache pas.

Oui, vous l’avez saisi: le fondateur du groupe Flo, natif de Molsheim, père de la brasserie moderne sur des bases anciennes, qui a vendu le dit groupe à Albert Frère (après avoir créé un mini empire), prend ici des leçons de choses, d’élégance et de discrétion. Il ne s’est pas seulement contenté de garder la carte telle quelle, avec ses intitulés drolatiques, prétentieux et snobinards, le personnel à peine hautain, trié sur le volet, comme s’il avait été embauché après un casting, de jolis garçons et de belles filles, habillés avec sobriété. Il s’est coulé dans le moule Costes jusqu’à s’oublier, lui même, je veux dire lui et ses 50 ans d’expérience depuis ses années de service dans la brigade de salle de Maxim’s, jusqu’à l’ouverture de Flo, rue des Petites Ecuries (le 2 mai 1968!), et le développement du groupe, à Toulouse, Metz, Nancy, mais aussi Pékin, Stuttgart et Barcelone.

Un Vitello Tonnato version XXL

Bref, aveu de faiblesse ou hommage appuyé à ses jeunes confrères, plus malins que lui, qui ont non seulement développé leur groupe, mais l’ont divisé en deux, un coup pour Gilbert et son fils Thierry, l’autre pour Jean-Louis et sa progéniture, Jean-Paul Bucher leur tire son chapeau comme s’il s’avouait vaincu in fine. Le style Costes ici triomphe, oui, chez Bucher. Avec ce cheese burger pommes allumettes, cette escalope fine milanaise servie avec des penne (plus une sauce tomate à rajouter sur l’escalope), ce vitello tonnato, version XXL avec des haricots verts frais (et tarifé 29 € comme élément d’un repas entier), ce tartare aller retour dont le sens, ou, si l’on préfère, l’intérêt, m’a toujours échappé. Qui donnent le sentiment d’un répertoire accompli, joué mille fois ailleurs et ici même, et exécuté à la perfection.

Avec un verre de brouilly bien frais ou blanc gascon de Tariquet issu de chardonnay, une glace vanille et un moelleux au chocolat, on peut, en évitant les pièges d’une carte à ressorts, déjeuner « autour » de 50 €. Mais en faisant vraiment très attention. Mais qui, franchement, à Auteuil, un 14 juillet, s’en soucie vraiment?

Le Murat

83, rue d'Auteuil
Paris 16e
Tél. 01 46 51 33 17
Carte : 55-80 €

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Publié le 14 juillet 2010 par

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