Sienne: dans la ville rouge

Article du 27 juillet 2013
La Piazza del Camp © Maurice Rougemont

La Piazza del Camp © Maurice Rougemont

Brique, carmin, rosacé le matin, rubis au couchant : à l’évidence, la ville est rouge. La « terre de Sienne », cette argile si fragile qui lui donne son identité, uniformise ses maisons, ses palais, ses églises. Place du Campo, où toute la ville se donne rendez-vous, où l’on aime prendre son temps, et notamment celui d’un ristreto au Caffè Mangia, les touristes et les Siennois se rencontrent.

Sienne vue de l'extérieur © Maurice Rougemont

Sienne vue de l’extérieur © Maurice Rougemont

Débonnaire, cette autre grande cité toscane (il y a aussi Florence, Livourne, Lucques, Arezzo, Grosseto)? Vous n’y êtes pas. Sienne est une besogneuse, une mercantile, une financière. Elle abrite l’une des plus vieilles banques du monde – la Monte dei Paschi, fondée en 1472, avec ses 2500 employés dans la ville même, 28000 dans le monde entier, la 3e banque d’Italie. Sa demeure, avec sa splendide façade Renaissance, derrière la place Salimbeni, a été revue moderne dans les années 80, sous un aspect du Risorgimento. Tout Sienne, ancienne et moderne, fière et rebelle, fidèle et hautaine, est dans ce raccourci.

Palazzo Publico © Maurice Rougemont

Palazzo Publico © Maurice Rougemont

Elle fut la rivale de Florence. Fondée par Senus, fils de Remus, elle est protégée, comme en attestent dix statues de bronze dans la ville, par la louve romaine. Gibeline, administrée par le conseil des Buonomini, sept bourgeois élus parmi leurs pairs, garants de sa paix et de sa prospérité, elle trace son plan d’origine avec fermeté. Elle a à peine changé depuis les années 1500. Le Campo, en forme de coquille saint jacques – nous sommes sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle -, est bien l’une des plus belles places du monde. En juillet et en août, pour les deux « palio », la fête locale, où les 17 « contrades » (quartiers) s’affrontent, à cheval, avec leurs champions, toute la ville frémit, mais avec elle, se trouve rassemblés 30.000 habitants, pas moins, sur la seule place. La moitié de la population totale de la ville!

Le Corso © Maurice Rougemont

Le Corso © Maurice Rougemont

C’est, bien sûr, en dehors de ces festivités qu’il faut visiter Sienne sans hâte. Croquer ses « panforte », ces galettes aux fruits confits et aux épices plus ou moins piquants, aller déguster les admirables vins toscans, ou ceux de toute l’Italie, dans l’Enoteca Nationale, sise dans les remparts, prendre un café chez Nannini, goûter aux choses simples, rustiques, douces et bonnes, au San Giuseppe ou chez Papei, à la Logge ou à la Certosa di Maggiano, l’exquise chartreuse du XIVe, sise en bordure de la ville, près de la porte romaine, propriété des Grossi, administrée par la charmeuse Anna-Claudia.

Jeunes gens au balcon © Maurice Rougemont

Jeunes gens au balcon © Maurice Rougemont

Gourmande et flâneuse, Sienne aime ici prendre son temps. A la Certosa, entre église, colonnades, piscine, jardins, vigne ou oliveraies, on laisse place au « dolce farniente ». On peut aussi aisément revenir au cÅ“ur du centre. Histoire d’admirer les fresques du Palazzo Publico, l’hôtel de ville sur le Campo, dont la tour haute de 88 mètres domine le paysage, rivalise avec celle du Dôme. Ce dernier, avec sa façade de marbre ciselé, sa vaste nef bichrome couverte de voûtes gothiques étoilées, ses 37 panneaux de marbre coloré, en impose. Mais avec mesure. On est en Toscane. Où tout se livre avec douceur, lenteur, amour et patience. Ce qui ne veut pas dire indolence.

Au pignon d'une rue © Maurice Rougemont

Au pignon d’une rue © Maurice Rougemont

On prend le temps de flâner au marché, d’admirer les églises multiples (une vingtaine en tout, dont une pour chacune des dix sept « contrades »), de visiter les sculptures et les peintures murales de l’ancien hôpital Santa Maria della Scala, devenu musée archéologique. De se balader sans heurt sur le Corso, juste derrière le Campo, Sienne se fait ici moderne et câline. Les jeunes filles se déhanchent avec des mines séductrices. Chaque vitrine (Furla, Benetton ou les vieilles pharmacies ornées de fresques médiévales) fait le coup du charme, provoque le coup du cÅ“ur. Vrai, ce n’est pas seulement une ville du Moyen Age qui a su s’adapter au temps présent, mais une succession unique de clins d’Å“il charmeurs.

Pour se renseigner: www.turismo.intoscana.it

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Publié le 27 juillet 2013 par

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