George & John au Drisco Hotel
« Tel Aviv : les délicatesses de Tomer Tal »
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C’est toujours la table chic et choc du Tel Aviv qui sort et mange, dans le quartier historique de l’ex American et German Colony. Un lieu beau, bon, raffiné et paisible, surtout au déjeuner. On vous en avait parlé l’an passé. Le jeune Tomer Tal s’y affirme avec sûreté. Cet ancien de chez Haïm Cohen au Yaffo-Tel-Aviv et de chez Yonathan Roshfeld chez Herbert Samuel, qui a passé deux ans en Australie, joue crânement sa carte décomplexée. La belle idée? Venir le découvrir le midi où les choses sont plus calmes, l’ambiance douce, la lumière sereine, les tarifs doux dans ce qui fut jadis la maison historique des frères Drisco, George & John, à qui la table est dédiée, dans un ancien hôtel de 1888 superbement rénové.
Le service est aux petits soins, la carte s’annonce plus courte, les formules du midi (où l’on ne facture que le plat principal et offre les hors d’oeuvre) permettent de faire le tour de la question sans casser sa tirelire. Au programme, du bon, du frais, du décomplexé, avec des récréations marines et végétales de bon aloi. Ainsi l’aubergine et labné servis en amuse-gueule avec un exquis pain au sésame, plus les piments et poivrons marinés, la salade aux pignons, vinaigrette au miel et poivre noir qui illustrent bien le nouveau style telavivien en vogue, faisant le joint entre Orient et Occident, sans chichi, ni maniérisme
Ensuite? On se régale sans mal avec les fines sardines en escabèche au concombre, labné et freekeh (le blé vert), le chou rave grillé au charbon de bois et féta avec feuilles d’hysope, huile de ciboulette. Voilà qui compose des hors d’oeuvre en rafale que l’on grignote façon mezzé ou en picorant sans se lasser, comme le sashimi de bar à l’huile d’olive de Koroneiki ou le splendide foie gras d’oie en terrine à la pomme confite avec sa brioche grillée, sans omettre le toast au chèvre joliment rôti.
On y ajoute les plats de résistance que constituent les superbes « picci » maison, ces gros spaghetti toscans, ici revus à l’encre de seiche, avec ses calamars frits et sautés, zestes de citron, épinards noirs, encre de seiche, le crabe bleu ail, persil, citron – mais pourquoi oublier d’offrir une pince au dîneur lorsqu’il fait décortiquer le plat ! – ou encore le mérou avec son yaourt aux herbes, épinards, plus son jus de poisson façon bouillabaisse à la tomate, pistache et oignon brûlé : superbe!
On boit là dessus les vins du nouvel Israël en mouvement, dans les trois couleurs, comme le rosé Agur servi au verre ou la syrah de Shvoh ou encore le grand rouge de Shoresh de chez Tsora dans les collines de Judée. Et l’on achève sur les délices sucrés du moment : divine soupe de melon à la liqueur Louisa Syrup avec sa glace à l’amande ou mousse chocolat, crème pâtissière au café et brownie, glace caramel et crumble amande. Un ban pour Tomer Tal!