Le Lion d’Or
« Arcins : éternel Lion d’Or »
Cette maison fameuse, qui figure, avec sa façade accorte, sa double salle bonhomme, ses casiers où les vignerons médocains possèdent leurs propres flacons, entreposés à leur usage et celui de leurs invités, figure une sorte de QG pas si secret que ça des gens d’ici. On la connut, bien sûr, à l’époque du légendaire Jean-Paul Barbier, grande gueule de la presqu’ile, haute figure de la gourmandise girondine. L’homme avait de la faconde, de la culture, donnant une âme à sa demeure.
Michaël Lemonnier, qui a travaillé au Laurent avec Alain Pégouret et au Relais Louis XIII avec Manuel Martinez, avant Bordeaux au Chapon Fin et à l’Oiseau Bleu, puis, dans le Médoc, à Cordeillan-Bages, a repris le flambeau ici même après avoir œuvré huit ans avec le père Barbier. Transmission dont il tire à l’évidence une véritable légitimité. De fait, si la carte évolue, elle prend soin de se ranger dans le droit fil de la tradition.
D’où cette assiette de charcuterie locale avec le traditionnel grenier médocain et la terrine de campagne, les sardines marinées servies avec les piquillos, le chèvre « doux » avec ses betteraves, la langue de bœuf ou la tête de veau en ravigote, le merlu de ligne aux courgettes, le turbot sauvage sauce bordelaise, la belle pièce de bœuf à l’échalote ou le carré d’agneau dans son jus à l’ail doux qui constituent des plats de bon sens. On achève sur un café liégois ou un rêve de Lindsay (cage caramel aux fruits rouges) en saluant a compagnie.