La Table du Luxembourg
« Paris 6e : un Renard sous les arbres du Luxembourg »
On l’a connu, un quart de siècle durant, au Lutétia, chef exécutif de palace et cuisinier étoilé du restaurant le Paris. Le voilà désormais conseiller itinérant pour Louvre Hôtels et titulaire de la concession d’une belle table sous les frondaisons du jardin du Luxembourg. Les familles qui viennent profiter des balançoires, des bassins, des allées de promenades et des jeux, la chic clientèle qui séjourne aux abords de la rue Guynemer (qu’habita François Mitterrand), les sénateurs dont le Palais est tout voisin aiment prendre ici leurs aises le temps d’un déjeuner relaxe et savoureux ou d’un goûter paisible à la fraîche.
Philippe Renard, qui n’a rien perdu de son savoir-faire, ni de sa malice, cuisine ici avec envie et le – bon – sens de la simplicité étudiée. Les belles salades (de homard ou de crevettes bio de Madagascar aux agrumes et avocat), l’œuf mayonnaise, les frais morceaux pastèque et melon relevés de lavande et de piment d’Espelette pour l’été, le saumon aux pastèques et amandes dorées, les tartares en folie, les poissons du jour (un cabillaud en aigre doux, par exemple) ou encore un gigot d’agnelet du Quercy servi froid avec sa mayonnaise: voilà qui régale sans manière.
Le plat à ne pas manquer et qui justifie la visite ici même: le poulet rôti au thym servi en cocotte avec sa jolie purée de pommes de terre dite du « Renard » – pas indigne de celle du grand Joël Robuchon, à laquelle elle fait songer. On ajoute le sourire complice de Claudio Carmo qui sert en salle sous verrière comme en terrasse avec le même allant. Le rosé « le Pas du Moines » en côtes de provence Sainte Victoire du château Gassier passe là dessus avec aise. Et les desserts sont un festival.
Il y a le millefeuille aux fruits rouges comme la crème caramel XXL à partager, les pasteis des nata lisboètes, sortant brûlant du four, que Claudio le portugais conquérant et débonnaire défend avec verve et fierté servant au passage le délicieux porto Pacheca de trente ans d’âge. On allait oublier la planche de fromages affinés par Claude Anthès et les délicieux choux craquelins avec crème de passion et mangue. Voilà, sous les ombrages d’un jardin préservé, une petite maison du bonheur.