La Table du Rouan à l'hôtel de la Jamagne
« Gérardmer : retour au Rouan »
Sérieux comme un pape, rigoureux comme un bon élève ayant ses gammes chez les grands, revenu chez lui depuis une décennie, après notamment un passage au Beau Rivage à Lausanne et chez Georges Blanc à Vonnas, Julien Jeanselme instille, dans un cadre clair et gai de pension de famille avenante et coquette, les marques d’une cuisine vosgienne et légère à sa manière qu’il égrène dans sa table d’hôtel lumineuse.
Le bar dédié aux « Grandes Gueules », film mythique de Robert Enrico, avec Lino Ventura, Bourvil, Michel Constantin, Marie Dubois, tourné ici même, donne envie de prendre son temps. Les chambres ont fait leur mue sur le mode contemporain. La cuisine de Julien, qui représente la 6e génération de Jeanselme présente ici même, vaut largement l’étape.
Les menus ont de l’idée, jouant le met de nostalgie d’enfance ou le côté végétarien, comme la gourmandise au jour le jour, les prix n’ont guère augmenté depuis notre dernier passage ici même il y a six ans. En cuisine, les idées fusent et rusent. Quel dommage, en revanche, que le personnel ne soit pas vraiment à la hauteur, donnant le sentiment de n’être guère motivé, dans la prise de commande, comme dans le service à la-va-comme-j’te pousse sur le mode de « ce plat, c’est pour qui? »
Mais, côté assiettes et qualité, il n’y a guère à y redire. La terrine de montagne du papy Ernest, la jolie soupe de poisson au cappuccino safrané (le met préféré du copain et voisin Michel Philippe des Bas Rupts), la tartelette aux sot l’y laisse, potiron et fines herbes, la fine composition sur le thème des légumes du moment, le sandre en viennoise croustillante avec son écume au raifort, ses frais légumes croquants sont de la meilleure eau, servis en bien généreuses portions.
On y ajoute le choix de vins malicieux et à bon prix dont le régional et gouleyant côtes de Toul en pinot noir des Lelièvre à Lucey (mais les beaujolais à moins de 20 € font également de belles tentations), plus des plaisirs carnassiers fort réussis comme le carré d’agneau en croûte de chorizo avec son jus corsé au porto ou encore l’escalope de ris de veau aux cèpes, jus relevé au xocopili (le 72 % de Valrhona!): audacieux.
Et, in fine, de bien jolies douceurs, comme le parfait glacé au fromage blanc, agrumes et mikado meringué, la composition autour de la pomme, du caramel et de la vanille ou encore le moelleux au chocolat Caraïbes avec son sorbet framboise.