L'Oignon
« Strasbourg: un Oignon très carnassier »
C’était, il y a trois ans et demi, la dernière dernière table dont Strasbourg cause. La maison est devenue une petite institution paisible: taverne chic et soignée, avec ses lambris, ses jolis cadres stylisés, ses recoins cosys, à deux pas du pont tournant de la Petite France et au coeur de ce quartier si pittoresque, table carnassière sous la houlette de Fany Steinmetz – dont le mari dirige Migrovia -, relayée au service par sa tante.
C’est le fondateur de cette grande maison bouchère de beau-père de Fany, Claude Steinmetz, qui m’y a ramené, histoire de retrouver cette demeure où la cuisine est désormais bichonnée par le jeune Mathias Wendling, ancien du Pont de l’Ill à la Wantzenau. Le registre culinaire, voire l’intitulé des mets a à peine changé. En revanche, les assaisonnements et les cuissons se sont nettement rodés, jouant les saveurs et la précision.
En vedette, le carpaccio de boeuf (de la Simmental de Bavière) au parmesan et huile de truffe, une poêlée de champignons à la crème d’ail ou une surperbe côte de boeuf, proposée, comme le « tiger steak », variante locale du tigre qui pleure thaï, avec d’exquises pommes frites sautées à la peau.
Les escargots sont également très recommandables avec leur beurre léger aux légumes du moment et la carte des vins est riche de belles trouvailles, comme le magnifique pinot noir V (pour Vorburg) des Muré à Rouffach, au fruité imparable et à la belle longueur digne d’un grand bourgogne.
Les desserts sont gentillets (crème brûlée honnête, quoique manquant un brin de vanille ou tarte aux pommes façon grand mère servie tiède). On achève sur un café bien serré et une poire de chez Windholtz à Ribeauvillé, riche en fruit et en grain. Voilà une bonne taverne où se réchauffer l’hiver.