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Saint-James (Londres): so british

Article du 28 octobre 2010

Athenaeum Club © GP

Londres ne serait plus London? Voyez Saint-James, qui est son cœur et son bastion de tradition. Comme le relevait Morand: « c’est le quartier des clubs, des théâtres, des célibataires« . Ces derniers se vêtent toujours à Jermyn Street, chez Turnbull & Asser ou Hilditch & Key, achètent leurs fromages chez Paxton & Withfield, choisissant leurs parfums chez Floris, dérivant sur Jermyn Street pour quérir les plus beaux chapeaux dans une boutique musée.

Waterloo Place et la statue du duc d'York © GP

Nous sommes chez Lock, où il est possible de quérir une « bombe », un haut de forme, un fez, une casquette de base ball, un panama, un canotier, un casque colonial, sans omettre le chapeau melon prisé jadis des gens de la City. On l’a compris: les échoppes ici sont des monuments, les vitrines tiennent lieu d’œuvres d’art. Chez Lobb pour les chaussures ou chez Berry Bros pour les spiritueux, faire son marché tient du bel art. Les boutons de manchette aux couleurs de l’Union Jack, les cravates roses à pois mauve, les whiskies de malt aux noms exotiques ou encore les fins cigares chez James J. Fox et Robert Lewis : voilà ce qu’on trouve ici avec délice.

Perspective de Waterloo Place © GP

Saint-James, qui figure une annexe de la cour, a conservé quelques uns des plus jolis palais de Londres: à commencer par St James’s Palace, manoir bâti par Henri VIII en 1532 qui a gardé ses créneaux et échauguettes, résidence du prince Charles, du duc et de la duchesse de Kent, Clarence House, élevé par « Beau » Nash, qui construisit aussi les admirables Carlton Terraces, pour le duc de Clarence, futur Guillaume VI, Lancaster House, propriété du duc de Sutherland, Malborough House, bâtie en 1710 selon un dessin de Wren pour le duc de Malborough, dévolu désormais aux pays du Commonwealth, face aux jardins de Saint-James Park, et encore Spencer House, seule demeure aristocratique qui puisse se visiter, chaque dimanche, qui appartient à la famille de la princesse Diana et que les Rothschild louent pour y organiser des réceptions privées.

La statue De Gaulle à Carlton Gardens © GP

Saint-James demeure, bien sûr, le quartier des clubs, comme, sur St James’s Street, le White’s, le Boodle’s ou le Brook’s, prisé des hommes politiques, fondé par les Whigs, ou sur Pall Mall (dont le nom vient d’un jeu français proche du croquet, le « paille-maille »), avec l’Oxford & Cambridge Club, l’Athenaeum, dans un splendide bâriment Greek Revival, le Royal Automobile ou l’Army & Navy Club. Mais les temps ont changé. Il y en avait 200 à la fin du XIXe, il y n’a plus qu’une petite trentaine aujourd’hui. Les restaurants distingués et les brasseries « tendance » (Quaglino’s, Avenue), qui fleurissent dans le quartier au look minimaliste tendent à remplacer le rôle de creuset social du club de jadis.

Plaque bleue De Gaulle (4, Carlton Gardens) © GP

Désormais, on dîne tard et, oh shocking, la chère est délicieuse, comme au très Mitteleuropa Wolseley. Les hôtels, plus rares, permettent de séjourner au cœur de Saint-James, comme un hobereau du Sussex venu se distraire en ville. Il y avait jusqu’ici le classique Duke avec ses salons cosys, le Stafford avec ses chambres dans d’anciennes écuries, son bar orné de casquettes suspendues ou le 22 Jermyn Street avec son mobilier d’antiquaire.

Hall au Sofitel St James © GP

L’adresse en vogue est française, logée dans le siège d’une filiale de la Lloyd’s, joyau du patrimoine de la Couronne, pile sur la très smart Waterloo Place. C’est le Sofitel Saint-James, qui a gardé l’écrin d’une façade de 1923 dont l’intérieur a été revu contemporain, dans les tonalités beiges et grèges, sobres et chics, par Pierre-Yves Rochon. Les chambres et suites aux teintes douces, le bar animé, le Rose Lounge coloré, la vivante Brasserie Roux: voilà un monde en soi, qui mêle l’esprit british à l’art de vivre à la française. A deux pas, il est vrai, de Carlton Gardens et de son n°4, où le Général de Gaulle, durant la dernière guerre, dirigeait les bureaux de la France Libre.

Carnet de Route

Y aller

Paris-Londres en 2h15 de Gare du Nord à St Pancras c’est ce qu’assure désormais Eurostar. Rens. 08 92 35 35 39 ou www.eurostar.com. A partir de 69 € en « Day Trip ». Excellent service de restauration à bord.

Dormir

Façade du Sofitel © GP

Sofitel St James, 6 Waterloo Pl. Tél. 020 7747 2200. Ch. 324-420£.
Halte chic du quartier, française et contemporaine, dans une demeure XIXe.

51 Buckingham Gate, Tél. 020 7769 7766. Info@51-buckingham.gate. Ch. 315-450£.
Suites de luxe dans une résidence victorienne, près de Buckingham, à côté du St James Hotel.

Notez les classiques Dukes (35, St James’s Pl. Tél. 7491 4840. Ch. 230-310£.), Stafford (16-18 St James Pl. Tél. 7493 0111. Ch. 290-370£.) et 22 Jermyn Street (Tél. 7734 2353. Ch. 250-390£).

Se restaurer

Brasserie Roux, 8 Pall Mall. Tél. 7968 2900. Cuisine bourgeoise soignée.

Ambiance à la Brasserie Roux © GP

Quaglino’s, 16 Bury St. Tél. 7930 6767. Brasserie design griffée Conran.

The Avenue, 7-9 St James’s St. Tél. 020 7321 2111. En lieu et place d’un ex- bureau d’assurances, cette table tendance a le parti pris minimaliste.

Boire

Pubs: Red Lion, 2 Duke of York St. & Crown Passage; Golden Lion, 25 King St. Cafés: Nero, 35 Jermyn St; ICA, Carlton House Terrace.

Lire

Guides: Vert Michelin, Coup de Cœur Arthaud, Spiral Gallimard, Bleu Evasion. Et  aussi: « Londres » de Paul Morand (Plon), sans oublier le « De Gaulle » de Max Gallo (4 tomes en Pocket).

Rapporter

Shopping sur Jermyn St. (chemises chez Hilditch & Key ou Turnbull & Asser) ou St James’s St. (vins chez Berry Bros, chapeaux chez Lock’s).

Utile

O.-T. Grande-Bretagne, BP154-08, 75363 Paris Cedex 08. Tél. 01 58 36 50 50. www.visitbritain.com/fr.

A propos de cet article

Publié le 28 octobre 2010 par

Saint-James (Londres): so british” : 1 avis

  • Très bel article et j’aime encore plus les illustrations.
    Merci beaucoup !

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