La Carambole
« Schiltigheim: la nouvelle Carambole est (presque) arrivée »
Vous connaissiez la Carambole? Du moins, le pensiez-vous. Au début de l’an 2014, elle a déménagé au 3e étage d’un neuf immeuble dans le goût Bauhaus, en gagnant deux numéros seulement, sur la moderne avenue Mendès France de Schiltigheim. Y officie toujours le fringant, beau garçon et malicieux Frédéric Lefèvre. Ce natif d’Eschau, demeuré quatre ans au Cerf à Marlenheim, formé au Vieux Couvent à Rhinau, chez les Abrecht, passé chez Gérard Goetz, à l’enseigne de Julien à Fouday, sans omettre le Buerehiesel du temps d’Antoine Westermann, joue résolument une partition légère, méditerranéenne, non alsacienne dans un cadre moderne et panoramique.
Le lieu a gagné en espace et élégance. La cuisine est vaste. Quittant ce qui fut une cantine d’entreprise appartenant à une compagnie d’assurance (l’AGIPI), sur une avenue roulante de Schiltigheim, Frédéric Lefèvre n’a pas changé de style. On lui reprochait de jouer le côté passe-partout, de négliger le terroir, de manquer un brin de personnalité. Avait-on tort? Rien n’a changé. Et si la nouvelle Carambole ressemble comme une soeur à l’ancienne, l’agrément de la mise de table en sus, on se disait que Frédéric pourrait se bousculer un peu trouver « sa » cuisine, après avoir cherché celle des autres grandes toques chez qui il a travaillé. Et qui, eux (on pense au Cerf de Michel Husser, au Vieux Couvent d’Albrecht, au Bubu de papa Antoine, notamment), trituraient les produits d’ici et les traditions régionales pour leur faire rendre un son autre.
Reste que son agnolotti au chèvre et cecina de boeuf en amuse-gueule, le toast de sardines grillées façon pissaladière aux oignons confits, olives, parmesan, pistou de roquette ou encore l’assiette de légumes (bios signés Thierry Riedinger à Hoerdt) ne sont pas mal. Même si, comment dire, ils manquent un brin d’éclat. Je sais, vous allez dire, à juste titre, que je suis bien sévère avec ce jeune loup de l’Alsace nouvelle vague qui guigne l’étoile au Michelin (et l’assiette chez Pudlo), alors qu’il se démène comme un beau diable pour cuisiner légère et servir des menus d’affaires qui semblent plaire sans mal dans la zone urbaine où il se trouve.
Mais c’est précisément que l’on sent qu’à 32 ans, il peut mieux faire. Mettre un brin d’Alsace ici, de personnalité, de finesse encore pour que les légumes en assiette jardinière rayonne que la pissaladière ressemble ressemble moins à un mini club sandwich, par exemple. On aime, en tout cas, le maigre de l’Atlantique, cuisiné simplement poêlé mais posé sur une fausse et amusante carbonara de pommes de terre passée en purée à la moulinette, mixée façon spaghetti et agrémentée de lard de Colonnata. Le saint-pierre à la plancha, avec compression de tomate, caviar d’aubergine, sauce vierge, n’est pas mal non plus, même s’il possède un petit air de déjà vu.
Le service, lui, traîne un peu la patte, attend – on se demande pourquoi – avant de vous donner la carte et met bien un point d’honneur à attendre 30 mn pour vous faire patienter entre chaque plat. Quant au jeune sommelier timide, il saura vous trouver un riesling sec (de chez Loew à Westhoffen) et un bourgogne sur le fruit (givry clos Charlé 2012 du domaine Mouton) bien en condition sur cette cuisine légère et fraîche.
Et, in fine, on fera un sort, sans remords, aux légers desserts que font les cerises poêlées sur un biscuit financier à la pistache avec sa crème brûlée à l’amande de cerise, sorbet fromage blanc ou encore au gentil carpaccio de pêche avec son croustillant à la citronnelle et son sorbet framboise. Bref, voilà une demeure presque neuve à suivre, à revoir et à encourager…
Cher Monsieur,
Habitué de ces lieux, certes situés sur une avenue roulante, mais ayant le grand avantage de posséder un parking en sous-sol ainsi qu’une belle terrasse que l’on peut apprécier par beau temps, je me permets de répondre à votre blog. Je partage avec vous une grande partie de votre article mais ne peux m’empêcher d’être en désaccord avec l’autre partie.
J’ai moi aussi déjeuné au restaurant le jour de votre visite et en ce jour combien pluvieux j’ai plus que jamais apprécié le soleil dans mon assiette et la légèreté de la cuisine de Frédéric Lefèvre. Ses tomates cœur de bœuf avec de la daurade à la plancha ont enchanté mes papilles. Vous lui reprochez de ne pas représenter suffisamment la cuisine alsacienne, j’avoue qu’en plein mois de juillet il me semble difficile de cuisiner une choucroute à la crème avec ses billes de munster frais et son sablé au cumin. Lui reprocher de ne pas avoir trouvé son style c’est également pousser un peu loin le bouchon, lui qui pour sa première partition au trophée Haeberlin a terminé avec son équipe 2ème de la compétition. A propos bouchon, le jeune sommelier qui officie en ses lieux à le conseil très aiguisé et je n’ai jamais été déçu de ses accords vins mets proposés. Le service quant à lui s’adapte aux contraintes qu’on lui impose si l’on précise que l’on souhaite déjeuner rapidement ou au contraire profiter d’un beau dîner.
Je pense que l’équipe de la Carambole mérite en effet qu’on y vienne, y retourne et qu’on l’encourage. Le style du chef est pour moi tout trouvé, des produits frais, de saison, cuisinés avec ingéniosité sans les dénaturer ni oublier lorsque cela s’y prête le clin d’œil alsacien qui fait également le charme de la maison.
« Acharnement ad hominem« ? Au contraire, on adore Frédéric Lefèvre et on devine ses fortes potentialités. On trouve en revanche que sa cuisine manque de personnalité, et même de saveurs pointues, alors qu’à l’évidence, il possède un bien joli bagage. Et ce n’est pas le service mollasson de la nouvelle Carambole qui va l’y pousser. Désolé, mais la critique doit être par essence critique, surtout si elle doit aider les chefs à faire mieux.
J’ai beaucoup de respect pour votre travail et votre passion mais plus que sévère, cette critique est infondée.. On a l’impression qu’il y a un acharnement ad hominem…
Pourquoi le Chef devrait-il changer de cuisine puisque ce qu’il faisait avant était déjà très bien et apprécié par la plupart ? Il n’y qu’une personne qui pense inlassablement que sa cuisine manque de caractère…
Pourquoi vouloir toujours mettre des références au terroir dans chaque plat ? Laisser donc les stubs proposaient ce type de plat….. Ceux qui fréquentent ce restaurant régulièrement savent que selon les saisons, le Chef fait honneur aux produits locaux comme les asperges, les girolles, les potimarrons, les escargots, la choucroute…j’en passe et des meilleurs….excusez le, mais ici c’est le marché qui guide la carte et non l’inverse….
Quant aux temps d’attente, c’est bien la première fois que j’entends ça…. N’oublions pas que les clients qui viennent ici ne font pas des restaurants au km et souhaitent apprécier. Qu’ils soient notables, critiques ou lambda tous sont lotis à la même enseigne et ça c’est aussi la marque de la personnalité du Chef…. Pas de passe droit !
Après que certains plats ont un goût de déjà vu, je ne pense pas que ça soit propre à ce restaurant, qu’il y a encore une marge de progrès, c’est évident, le Chef le reconnait humblement mais comparé à d’autres établissements strasbourgeois qui ont bénéficié bizarrement d’une critique très clémente, je trouve que cet avis est injuste.
On a le droit de penser ce qu’on veut , encore heureux, mais il y des choses qui s’écrivent et d’autres qui se disent en tête à tête… J’ai voulu réagir car au fil de mes visites, je vois les efforts quotidiens qui sont consentis par le Chef et toute son équipe et je peux imaginer la douleur et les conséquences que pourrait induire la lecture de cette critique…