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Adieu à Jean-Pierre Haeberlin

Article du 5 juin 2014
Jean-Pierre Haeberlin, le 28 août 2013 © GP

Jean-Pierre Haeberlin, le 28 août 2013 © GP

Il est décédé ce matin d’une tumeur au poumon. On savait qu’il en avait supporté d’autres. Stoïquement, avec son bon sourire, cette manière perpétuelle de vous accueillir avec gentillesse. Jean-Pierre Haeberlin était le majordome  de l’Auberge de l’Ill,  celui qui avait porté haut, avec son frère Paul, la maison reine d’Alsace. A Illhaeusern, à fleur d’eau, avec son magnifique jardin fleuri, il jouait avec les modes du temps. On avait finir par oublier son âge (il était né en 1925). Symbole de l’élégance, comme de l’hospitalité de sa région, il jouait de sa bonne humeur et de sa gaîté  comme d’un stradivarius. Il était l’ami de Muhl, le peintre alsacien de Mougins à qui on devait la grande toile de Paul et des chefs sise dans la grande salle. Jean-Pierre était la vigie artiste de la maison.

Cet ancien élève des Beaux Arts de Strasbourg, né en 1925, portait à bout de bras l’Auberge dont son frère Paul était le chef attitré . Il fut le président de Tradition et Qualité, association regroupant les Grandes Tables du Monde, dont son neveu, Marc, le chef de la maison, est aujourd’hui le patron. Avec son frère Paul, discret, sérieux, régulier, inventeur de la truffe Souvaroff  (qui allait donner naissance à la soupe aux truffes VGE),  comme du saumon soufflé et de la mousseline de grenouilles, Jean-Pierre formait un binôme parfait. A Paul,  la cuisine et les fourneaux avec sûreté. A lui, l’ouverture aux autres, la science de la communication, lui qui accueillit ici rois et reines (la reine mère d’Angleterre comme Béatrix des Pays Bas) et présidents (VGE grand chasseur était un habitué).

Il mêlait avec art, finesse, intelligence, subtilité, drôlerie, gentillesse, modestie. Il savait tout de tous, copinait avec les grands chefs, fut aussi le maire de sa bonne commune d’Illhaeusern, remettant à chacun des mariés un livre de cuisine en livrant cette maxime alsacienne : « l’amour passe aussi par l’estomac ».

Il nous manquera, évidemment. Mais il vivra toujours en nous, car il incarnait au plus haut point, « l’Auberge » dans ce qu’elle a de meilleur: être une maison d’ami(s). Combien de trois étoiles peuvent-ils en dire autant?

En famille, 28 août 2013

En famille, 28 août 2013

 

 

A propos de cet article

Publié le 5 juin 2014 par

Adieu à Jean-Pierre Haeberlin” : 7 avis

  • Magere

    Merci pour cet hommage , à la fois touchant et solennel ..car il s’agissait d’un grand Monsieur dont l’humanisme et le charisme dépassait davantage encore le seul champs de la gastronomie…

  • michel Piot

    Bravo, Gilles, notre Jean-Pierre méritait bien ton bel hommage. Mais j’ai trouvé qu’en dehors de l’Alsace des cuisines et du vignoble, au complet, peu de chefs de l’hexagone étaient venus lui dire adieu: Savoy, Meneau, peut-être quelques autres, mais après?… Avec Jean-Pierre, c’est pourtant un fameux pan de la restauration française qui tombe! Enfin, il nous reste le souvenir de son sourire et de sa gentillesse sans limites, dont tu parles bien…

  • Stephen Ferrone

    I had the great pleasure of dining with you last year. One of the most memorable dining experiences I have ever had. Congratulations on your retirement, Bon fortune!
    Stephen Ferrone

  • Nous perdons le meilleur Ambassadeur de notre métier. Heureusement que vous y avait pensé Monsieur Pudlowski.
    Vincent

  • Bravo, Gilles pour ce bel article sur un homme de qualité avec lequel les copains (chefs) et moi avons passé de bons moments à une certaine époque.

  • Jean Luc piera

    Un très bel hommage

  • De belle lignes Gilles
    … de belles lignes
    Cordialement
    Bruno

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