Marrakech l’artiste
Elle bouge, s’amuse, se regarde, s’ouvre aux autres. Et à l’art. C’est même son nouveau dada avec la toute première « Marrakech Art Fair », la foire d’art contemporain organisée trois jours durant, le week-end dernier, au palace Es Saadi. 2500 personnes lors du vernissage, trente et une galeries représentées, dont dix du Maghreb, dix neuf venues d’Europe, deux du Moyen Orient: disent assez la vivacité d’un marché en renouveau avec toutes les formes d’art vivifiantes, rayonnantes, représentées ici sans oeillères, ni limites.

Les odalisques contemporaines au Musée de Marrech © GP
Le signe que les artistes marocains ne connaissent pas les frontières: la neuve exposition Résonances, rassemblant quinze artistes, tous marocains d’origine, même s’ils vivent ici ou ailleurs. A Orléans, comme le jeune Malik Nejmi, entre Madrid, Paris et New-York, comme Ilis Selfati, à Anvers comme Charif Benhelima. Tous exposent des oeuvres en liberté – déluges de lumière sortant du plafond comme des lustres nouveau style, belles odalisques des temps nouveaux, autoportraits photographiés et fantasmés, comme Wafae Ahalouch El Kerlassi, qui oeuvre entre Berlin et Amsterdam, ou Aziza Alaoui, qui vit et travaille à Puebla au Mexique, ou encore Chrourouk Hriech, qui, lui a choisi Marseille, exposés dans le cadre artisticratique et ancien du Musée de Marrakech. Le contraste est fort, vivifiant, entre ce lieu de tradition du coeur de la Médina et la préhension par ces quinze artistes tous différents d’un monde moderne qui se défend, se défait, se détend, se rétracte, offrant ses couleurs et ses douleurs, récusant sa violence.

Habib Kibari © GP
On aura encore une bonne idée de la richesse de Marrakech artiste et du nouveau marché de l’art, en se hasardant au Guéliz, dans ce qu’on nomme, depuis l’époque Liautey, la ville européenne. Le passage Ghandouri est un labyrinthe qui offre ses cimaises aux arts de toutes sortes. Dans la galerie qui porte son nom, Habib Kibari expose ses toiles mi-figuratives, mi-abstraites, dans la lignée d’un de Stael qui remplacerait les footballeurs par des cavaliers marocains.

Driss El Badoui/Galerie Majorelle © GP
Non loin la galerie Matisse s’ouvre à toutes les formes d’art contemporain avec les supports les plus divers, sur papier, toile, tissus, sculptures. A deux pas, Driss El Badadoui expose, lui, à la galerie Majorelle, les oeuvres du français amoureux du Maroc Michel Fedi, dans la lignée classique et colorées d’un Delacroix d’aujourd’hui qui réécrirait à sa manière colorée un jardin princier de Fès ou un marché dans un village du haut Atlas.

La galerie dédiée à Yves Saint Laurent dans les jardins Majorelle © GP
Artiste encore, Marrakech imagine son futur musée Saint Laurent dans la villa Majorelle en rénovation, sous son bleu Matisse précieusement conservée. Une galerie est déjà ouverte ornée des cartes postales et des posters écrites par Yves à ses amis sur le thème de l’amour, avec ce « Love« , revenant sans cesse en leitmotiv obsédant. Le lieu, voulu par Pierre Bergé, clair, accueillant, lumineux est assurément magique et le souvenir de l’artiste couturier y vit avec une verve vibrante.
Résonances, exposition du 7 octobre au 7 décembre 2010, musée de Marrakech, pl. Ben Youssef, Marrakech. Tél. +212 (0) 524 441 893. Ouvert tjjrs de 9h à 18h30.
Galerie Kibari, 61, rue de Yougoslavie, 61, passage Ghandouri, Guéliz, Marrakech. Tél. 06 42 46 53 86..
Galerie Majorelle, Driss El Badoui, 61, rue de Yougoslavie, 54, passage Ghandouri, Guéliz, Marrakech. Tél. 06 68 76 40 01.
Jardin Majorelle, av. Jcoub El Mansour, Marrakech. Tél. +212 (0) 524 31 30 47. www.jardinmajorelle.com