Spaccanapoli

Marcellino Giorgio, le sicilien © GP

C’est une adresse d’angle d’obédience transalpine qui fait parler d’elle depuis de nombreuses années, mais a souvent changé d’enseigne. Ce fut d’abord un repaire sarde et délicieux sous le nom d’Il Sardo, du temps du fugueur Giambatista Saliu (qu’on vit avec sa soeur Nicoletta au Gusto Sardo à Chaillot, puis près de la Madeleine dans ce qui aujourd’hui un Romantica Caffé), avec aux fourneaux le milanais Fabio Tenti, aujourd’hui à Boulogne au Caffè Peonia. Ce fut ensuite un lieu modeste, mais simple et savoureux, dédié la cuisine du sud de la Botte, de Campanie (Napule e), puis de Calabre (Bocca di Rosa), sans omettre d’aller voir ailleurs.

Avec une neuve équipe enthousiaste et une volonté de faire connaître l’axe Naples/Sorrente/Amalfi, nous voilà encore côté Sud. Le bel Adonis, natif de Naples, Massimo Petrone, fils et petits fils de restaurateur, virevolte en salle avec charme et habileté, tandis que le chef rond et rubicond Marcellino Giorgio, pur sicilien, mitonne avec sérieux des pizzas en rafale assez savoureuses (craquante Margherita), des pâtes parfumées et pas trop cuites (spaghetti à l’ail et olive ou à la vésuvienne, joliment pimentées, gnocchi à la sorrentino, penne comme à Amalfi au bar), sans omettre de classiques desserts (biscuits napolitains à la ricotta et fleur d’oranger, tiramisu, panna cotta). La carte des vins est maigrelette, le cadre de café d’angle couleur jaune et stucco ne fait pas la retape. Bref, cela démarre en douce et il faut laisser le temps à la neuve équipe de se rôder. A l’heure où j’écris, l’ancienne enseigne n’a pas été changée. Mais la maison est hospitalière, elle oeuvre tous les jours, accueille tard le week-end et les théâtres sont proches. Bref, avec un peu de persévérance, elle peut lui prédire un doux avenir.