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Venise exquise

Article du 26 mars 2014
La lagune à la tombée du soir © GP

La lagune à la tombée du soir © GP

Brume et silence sur la lagune. C’est l’aube encore. On est venu par l’avion du matin qui se pose comme un oiseau sur Mestre. On a senti, dès l’abord, les effluves d’algues sur la piste, pris ses bagages au vol, choisi la voie la plus romantique pour redécouvrir, pour la centième fois, la ville de Carpaccio et de Giorgione, de Titien et de Canaletto – une cité de peintres qui ne dément jamais sa vocation.

Gondolier au repos © GP

Gondolier au repos © GP

En « motoscafo », qui glisse sur les canaux avec un mélange apaisé de douceur et de rapidité, on sera sur le Canal Grande en un clin d’oeil. La Salute vous salue. Sur votre gauche, se découvrent, pêle-mêle, les palais Grassi, Corner-Spinelli, Grimani, Loredan, Ca d’0ro ou Vendramin-Calergi, où mourut Wagner en 1883. Sur votre droite, Ca’ Pesaro, Camerlinghi, Bernardo, Ca’Foscari, Guistinian, Rezzonico ou Dario où résida le poète Henri de Régnier. On inverse et on se trompe. Le guide ou l’ami(e) de passage rectifie – on n’est pas venu seul à Venise, ce grand théâtre où chaque flâneur est artiste.

Le Bauer © GP

Le Bauer © GP

La première halte sera pour décharger ses bagages – au merveilleux Gritti qui s’est rénové avec grandeur, au Bauer face à la Douane de Mer ou au Cipriani, pour un coup de folie sur l’île de la Giudecca, avec son annexe presque secrète du Palazzo Vendramin, au Londra Palace pour sa vue, au Luna pour son charme doucereux au coeur de la ville, ou au Flora, avec son mini-jardin fleuri, à la Calcina, sur les Zattere, comme jadis Ruskin, l’historien anglais que vénéra Proust, si vénitien. La seconde halte, après escale face au Harry’s Bar: un café au Florian sous les glaces biseautées, les fixés sous verre et les arcades de la place Saint-Marc.

Terrasse place St Marc © GP

Terrasse place St Marc © GP

Puis, ce sera, très vite, l’heure du repas. Méfiance, Venise l’exquise rançonne volontiers ses touristes, offrant pitance patibulaire à prix d’or. Ils sont quelques uns, Al Covo, Da Fiore, Corte Sconta, Alle Sestiere, Il Ridotto, Antiche Carampane, Anice Stellato ou encore le pittoresque et bruyant Alla Madonna, à ne pas se moquer de lui, à lui offrir les meilleurs poulpes, clovisses, crabes mous (« moeche »), cigales de mer (« canoce »), fritures, qui, avec la pasta délicieuse,agrémenteront un repas un tantinet marin. On prendre un verre chez Francesco et Matteo, All’Arco, près du marché du Rialto, en goûtant les plus exquis « cecchetti » de la Sérénissime.

Vue sur le Grand Canal depuis la Fondation Guggenheim © GP

Vue sur le Grand Canal depuis la Fondation Guggenheim © GP

Puis on testera encore le risi e bici – risotto aux petits pois – si typiquement vénitien, comme les « sarde in saor », sardines en escabèche aux raisins, oignons confits et vinaigre, on boira le soave, frais et même « frisante », sous la charmille. On ira prendre l’air du large à Torcello, passant devant les verriers de Murano, pour rejoindre la bucolique Locanda Cipriani, décevante, certes – mais y vient-on pour manger? A moins de préférer Gatto Nero à Burano ou encore Venissa à Mazzorbo. On se dira alors que Venise la menacée, la bondée, la convoitée, demeure ce qu’on aime tant: un havre de paix dans un monde mouvant.

La Calcina © GP

La Calcina © GP

La lagune et ses odeurs, Saint-Marc et ses passants, plus nombreux que les pigeons en saison, les ruelles étroites et sombres ne seront plus qu’un souvenir. On ira visiter la petite cathédrale Santa Maria Assunta de style vénéto-byzantin, ses trois nefs et ses mosaïques, dont celle, superbe, du Jugement Dernier. On jettera un oeil à la voisine église Santa Fosca, à son portique  à arcs surhaussés, ses colonnes de marbre grec aux chapiteaux sculptés. Puis ce sera l’heure de la sieste, au jardin, sous les arbres.

Gritti Palace © GP

Gritti Palace © GP

Demain, ce sera enfin la plongée dans la Sérénissime, une déambulation autour du Rialto, une visite aux musées – galerie dell’Academia, Scuola di San Rocco, collection Peggy Guggenheim -, une halte au vieux Ghetto et au musée d’Art hébraïque, ou encore une étape vers San Michele, l’île-cimetière où dorment Stravinski et Diaghilev. Morand, qui l’aima tant, a choisi de l’observer de loin, à Trieste. « Venise, ce décor du finale de grand opéra qu’est la vie d’un artiste », ne cesse d’enchanter, malgré les menaces qui pèsent sur sa destinée. Chaque voyage dans la beauté est comme une valse enivrante. On ne s’en lasse guère. Même si le tournoiement de sa beauté, de ses églises, de ses palais, de son spectacle permanent, épuise.

La Salute © GP

La Salute © GP

Carnet de Route

Y aller

Venise se trouve à 152 km de Bologne et 267 km de Milan. Air-France assure entre 3 et 5 vols quotidiens pour Venise au départ de Roissy 2. Aéroport Marco Polo à Mestre (13 km). www.airfrance.fr

Un Gondolier © GP

Un gondolier © GP

Lire

Une arrivée à Venise © GP

Une arrivée à Venise © GP

« Venise » (Guide Visa, Guide Bleu, Gallimard, Voir/Hachette, Guide Arthaud), »Un Grand Week-end à Venise » (Hachette), « Venise en quelques jours » (Lonely Planet). Mais aussi « Venises » de Paul Morand (Gallimard/L’Imaginaire). « Venise exquise » de Jean Clausel (Laffont), « Dictionnaire Amoureux de Venise » de Philippe Sollers (le Point).

Utile

Francesco et Matteo de All'Arco © GP

Francesco et Matteo de All’Arco © GP

ENIT,  Office italien du tourisme, 23 rue de la Paix. 75002 Paris. Tél: (1) 42 66 66 68. www.enit.it – www.italia.it
Et à Venise, site : www.turismovenezia.it

A propos de cet article

Publié le 26 mars 2014 par

Venise exquise” : 1 avis

  • L’une des plus belles villes au monde! On y retourne le sourire au visage, le coeur attendri. Que de beaux souvenirs que vous me faites revivre là, Mr Pudlowski.

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