Al Diyar
« Haïfa : la maison de Caroline »
Dans la grande cité portuaire du nord d’Israël, où toutes les origines se côtoient fraternellement, elle incarne fort bien les paradoxes d’Israël. Issue d’une mère juive marocaine native de Casabanca et d’un père arabe chrétien d’Israël, elle reçoit avec chaleur. Caroline Abboud Hamaty qui a appelé son restaurant, Al Diyar « ma maison », en arabe, précise: « pour les Juifs, la religion se transmet par la mère, je suis juive. Pour les arabes, où c’est l’inverse. Je suis arabe ».
Mais, ces paradoxes, cette belle brune fine et scintillante semble les vivre avec joyeuseté. Dans sa maison douce qui joue la clarté, les pierres grattées, les tables bien mises, la terrasse fraîche, au coeur de l’ancienne et historique « colonie allemande » de la ville. où elle règne avec tendresse, elle propose une cuisine israélo-arabe à la fois méditerranéenne, colorée, épicée, chaleureuse, qui plaît aisément à tous et fait le lien entre les communautés.
On goûte ainsi le grand mezzé servi en farandole de petites assiettes, comme partout en Israël, certes, mais aussi comme au Liban auquel la proche frontière de Rosh Aniqra pourrait mener … si elle était ouverte. Houmous avec tomate confite, labné, purée daubergine à la grenade ou mouttabal, taboulé, champignons variés et autres salade d’avocat, sans omettre la rituelle purée de sésame (ou tehina), hélas ce soir trop salée, à côté du falafel, précèdent le poisson de la marée du jour servi frit, comme les exquises brochettes de viandes (de boeuf et de poulet façon chich kebab et chich taouk), flanquées de bonnes frites.
C’est généreux tout plein, servi en quantité pléthorique. On accompagne le tout de rouge de la cave Hermon ou d’une bière Maccabi ou Goldstar, à l’israélienne. En issue, les gaufres comme à Bruxelles, avec caramel et chantilly font traverser la Méditerranée dans l’autre sens et vous ramène même Outre-Quiévrain.