Atelier Rodier
« Paris 9e: la bonne surprise de l’Atelier Rodier »
Une découverte savoureuse de notre avocat gourmet Didier Chambeau.
En descendant la rue Rodier, on découvre une table alerte: décor très «looké», mur gauche en grosses pierres, mur droit habillé par Osborne & Little, designer de papiers peints, des lustres en cristal de chez Spiridon, un parquet en bois, des tables de bistrot et des chaises blanches signées Eames. Pas de place au hasard d’une déco léchée par le décorateur Pierre-Henri Bouchacourt. Une clientèle enthousiaste, jeune, bobo, un accueil attentif, du personnel heureux. En fond de salle, derrière une baie vitrée, deux chefs en cuisine, un œil sur la salle, l’autre sur leur fourneau.
Vêtus de blanc et tablier bleu, Santiago Torrijos, ancien de chez Guy Martin, et Béatrice Hiou, qui fit ses classes chez Thierry Blanqui au Beurre Noisette, puis chez Anne Sophie Pic à Lausanne, jouent comme ils aiment le dire, sur le thème « bistronomique », un bistrot gastronomique. Le menu carte qui évolue chaque semaine, les assiettes passent et donnent envie de tout goûter. Trois entrées, trois titres : coquillages, seiche, poule. Un cannelloni aux épinards et des coquillages en papillote, ouverte et mise en assiette devant le convive, des embruns d’iode et des senteurs d’estragon, tout y est. Une raviole de chair de poule, bouillon de poule au lait, coriandre, oignon nouveau et œuf cuit basse température. C’est délicieux, goûteux, onctueux.
On regrette de ne pas être venu à trois, histoire de goûter la seiche, mais grâce à la table voisine, on hume les saveurs. Les plats se déclinent dans le même esprit : Cochon, Bœuf, Sardine, Pêche du jour, Légumes pour les végétariens. Un délicieux lieu jaune cuit exactement comme il faut, risotto de fregola et lentins de chêne, champignon asiatique, réduction de balsamique blanc parfumée au Vadouvan. La pièce de bœuf est marinée et poêlée, accompagnée d’un millefeuille de pommes de terre et céleri rave confit au beurre d’algues, condiment d’estragon citron. Parfait, pas de fausse note dans cette partition jouée à quatre mains.
Les desserts sont en harmonie : une vraie gourmandise que ce baba au sirop d’ananas fenouil, confit de fenouil, citron lime, vanille bourbon, crème glacée à la vanille. Le financier pistache-lavande, compotée d’abricots, abricots poêlés et glace au yaourt donne envie de revenir. Bref, du bon, même du très bon. Une addition qui tient ses promesses, peu ruineuse pour pareille qualité. On aime à découvrir une table comme celle-ci, une table qui fait peu de bruit mais qui respire la joie, celle d’avoir ses clients devenir fidèles dès la première visite et qui reviennent très vite avec des amis, fiers qu’ils sont de leur découverte.
Table absolument incroyable même 3 ans après votre article!!! Les plats sont toujours d’une qualité parfaite et la cuisson du poisson relève d’une science parfaitement maîtrisée.
Un grand bravo