Denis Tillinac et sa « Nuit Etoilée »: mon coup de coeur de la rentrée

Article du 3 septembre 2013

La Nuit étoilée, de Denis Tillinac 

Inactuel, c’est l’adjectif qui revient le plus souvent dans ce livre. Et celui qui s’imposera forcément au lecteur. Qui pourrait ajouter : passionné, désenchanté, romantique, lunaire et, aussi, nécessaire. Tillinac, qui s’improvise moraliste depuis « Spleen en Corrèze » (paru pour la première fois en 1979, déjà !) ne faillit pas à sa règle : il fustige l’époque avec brio, se détourne volontiers de l’actualité pour aller à l’essentiel.

C’est ainsi que ses trois héros lui ressemblent. Victor le premier narrateur – le double de l’auteur ?-, à la fois confident désabusé et éditeur franc-tireur, Marcile Kalf, un écrivain sombre, mystérieux, diablement cultivé, qui travailla jadis pour le SDECE, avant de se vouer, corps et âme, à la littérature, enfin Claire, leur égérie, « esclave » volontaire du second, amour impossible du premier. Ils vont se croiser, vivre ensemble,  se retrouver « sous le ciel étoilé » de Provence, comme dans le tableau éponyme de Van Gogh. Le lecteur les suit, se prend aisément au jeu. Victor, raconte, Marcile se cache – notamment sous son pseudo emprunté à Willem Kalf, peintre flamand, maestro de la nature morte -, Cécile écrit sous la dictée, prend des notes, réserve billets d’avion, chambres d’hôtels. Ensemble, ils écument les palaces en Suisse et sur la Côte d’Azur, mais, curieusement, fuient l’oisiveté. Marcile poursuit son œuvre, que Victor défend avec ferveur et Cécile promeut avec subtilité.

Ce curieux trio, si bizarrement hors mode, qui se veut croyant, avec une foi qui ne nie pas ses racines bien françaises, parlent au cœur. Et à tous. Entre la méfiance d’une époque qui a perdu ses repères et ne croit plus en grand chose et cette mini bande soudée par l’affection, l’amitié, la passion et la raison, on se dit que le fil est ténu. Fidèle à lui-même, Denis Tillinac renoue avec les bonheurs d’écriture de « Maisons de Famille », du « Bonheur à Souillac », du « Jeu et la Chandelle ». Chercher un sens à la vie, pas seulement sur la terre : ce peut être cela le point de vue, un tantinet janséniste, de ses héros. Voilà, à coup sûr, l’un des livres les plus attachants de la rentrée.

La Nuit étoilée, de Denis Tillinac, Plon, 17 €, 272 pages

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Publié le 3 septembre 2013 par

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