Le Domaine de Kerbastic
« Lorient, la nuit: je vous écris encore de Kerbastic… »
On a revisité Lorient, qui, ces temps-ci, devient une capitale gourmande, vu sa cité de la voile Eric Tabarly qui abrite une bonne table (Quai Ouest), constaté non seulement la belle santé de la ville, son sourire, son sens de l’hospitalité, acheté un kouign amann chez Le Goff, des macarons chez Viallard, des DVD et une énième version du « Cheval d’Orgueil » à la FNAC, tout à côté d’Henri et Joseph, sans omettre de rendre visite aux fistons Abadie (dont les parents dirigent l’Amphitryon) qui tiennent l’Alto, près de l’hôtel de ville. Vu encore le Yachtman, géré par l’ancienne équipe de Le Pic et dîné à Pont Scorff, chez Laurent Le Berrigaud. J’en oublie? Ah oui, il y a aussi le verre en terrasse à la Base, tout à côté de la cité de la voile et au pied de la base des sous-marins.

Lorient, cité de la voile Eric Tabarly © GP
J’omets au passage les plages de Ploemeur et de Guidel, la forteresse enchantée de Port-Louis, les crêperies chics de Larmor Plage (le Boo) et la terrasse du Celtic, la vue sur Groix depuis les Viviers, la Villa Margaret au Port de Kernevel, la gentillesse du roi Morvan et de sa taverne ou enfin la vue sans fin sur la mer depuis l’anse de Kerguelen aux Mouettes. Trop, c’est trop. Demain, il y a la promenade aux halles de Merville avec Nathalie Beauvais, du Jardin Gourmand, puis le goûter chez Thierry Hafnaoui à Plouhinec et encore le Bistroy de Port-Louis, puis l’Avel Vor avant le retour vers Paris.

Domaine de Kerbastic: la façade © GP
Je sais: vous allez me prendre pour un fou (fou de mon métier, s’entend). Vous n’avez pas tort. Je ferai mieux de rester au chaud dans ma chambre dédiée au comte et à la comtesse Charles (de Polignac) au Domaine de Kerbastic. Ce manoir enchanté au coeur de son vaste domaine forestier, avec son beau potager, ses courettes, ses hautes fenêtres en gris perle, sa façade XVIIIe qu’on imaginerait entre Evian et Genève, possède la quiétude d’une demeure de toujours qui a su conserver son élégance sereine et sa sérénité sans faille. J’évoquais hier ici le souvenir de Cocteau, Bérard, Marie-Laure de Noailles. J’aurais pu ajouter Nadia Boulanger, Jean Hugo, Louise de Vilmorin ou Francis Poulenc qui eurent ici leurs chambres.

La salle à manger et ses souvenirs © GP
Les Polignac, illustre famille, qui ont ouvert leur domaine, la transformant voici deux ans en hôtel, membre des Châteaux & Hôtels Collection d’Alain Ducasse, ont su conserver une âme au lieu, avec ses souvenirs, ceux de leurs hôtes, leurs photos, leurs tableaux. Le lieu a le charme de l’ancien mis aux normes du confort d’aujourd’hui. Chambres joliment décorées, avec de beaux tissus, salle à manger spacieuse et quiète, cuisine de Raphaël Dubroeucq, cht’i lillois passé au Sabayon à Lorient, rallié aux vertus bretonnes: voilà ce qui vous attend là.
A travers un menu soigné, il mitonne des mets bourgeois de qualité. Foie gras de canard mi-cuit à l’oignon rouge de Roscoff, saint jacques au velouté de céleri et girolles, cabillaud à la citronnelle et endives à la vergeoise (pour la note nordiste) et émulsion à la carotte ou encore carré d’agneau rôti aux herbes avec sa mousseline d’artichauts camus ont de la tenue. In fine, la poire William pochée au safran avec son pain d’épices toasté et sa glace au lait d’amande fait une issue légère.

Un coin de chambre à Kerbastic © GP