Jeux d’eau à Baden-Baden
Rien n’a changé ou presque depuis que Thomas Mann venait y prendre les eaux, qu’Hermann Hesse y rêvait aux grands arbres du parc, que Dostoïevski imaginait la frénésie du « Joueur » dans les salles chamarrées du casino. Ce dernier, dans les bâtiments néoclassiques de la Kurhaus est toujours, selon le mot de Marlene Dietrich, « le plus beau du monde » et la Trinkhalle, la buvette, avec ses hautes colonnades Renaissance et ses fresques vouées aux légendes de la Forêt Noire, impressionne le visiteur qui croit trouver une ville moderne.
Imaginez Deauville mariée à Evian, alliant les plaisirs de Cannes. Tracez, tout autour, la ligne verte et montueuse des forêts. Imaginez un centre au dessin médiéval qui serpente jusqu’au nouveau château. Et imaginez 12 sources qui, depuis 2000 ans, font jaillir quotidiennement 800000 litres d’eau salée à une température atteignant 68,8°. Vous y êtes ? Baden-Baden est une ville d’Allemagne, à deux pas du Rhin, non loin de l’aéroport de Strasbourg, qui a su créer des loisirs populaires tout en gardant sa distinction à l’ancienne.
L’eau ici n’est pas seulement un engouement et une tradition. Elle est devenue un plaisir. D’abord, avec les thermes modernes de Caracalla, ses bassins bouillonnants, ses vagues, ses piscines de plein air qui ravissent parents, familles, enfants. Le sauna, pour les grands, où l’on se retrouve au septième ciel, dans le plus simple appareil, les solariums pour le bronzage en douceur, ses grottes d’eau froide et chaude, son bain de vapeur aromatique avec ses mosaïques: pour une somme modique, on reste deux ou trois heures dans l’eau à batifoler ou dans l’air à rêver.
Les plaisirs sont plus raffinés, la thérapie plus approfondie au voisin Friedrichsbad. Dans un magnifique cadre 1880, ces bains irlando-romains combinant étuves chaudes et vapeur à l’eau thermal sont dédiés au bien être et à la forme. En seize étapes, nu comme un ver, on accède à la félicité après s’être fait masser à la brosse, savonné vivement, douché abondamment, sans omettre de passer dans les bassins aux températures diverses, avec jets naturels ou salle de vapeur chaude ou brûlante, sans omettre une station de repos bienfaisante. On sort de là ragaillardi et rajeuni.
Baden-Baden possède, bien sûr, d’autres plaisirs que ceux de l’eau et des bains. Quoique ceux-ci tiennent largement la vedette. Quoique le festival de musique pop de la Südwest Rundfunk, les courses de chevaux de l’hippodrome d’Iffezheim, le théâtre de verdure, le palais de l’Orchestre Philharmonique, les golfs proches, qui sont les plus beaux du pays, le centre des Congrès rénové y soient les garants de l’activité permanente de cette petite ville de 50000 habitants à l’immense réputation.
Ce fut jadis « la capitale d’été de l’Europe ». C’est désormais une ville dédiée au calme et au bon air en toute saison. Et aussi à la culture, grâce au musée Frieder Burda, qui, dans une étonnante construction claire et moderne due à Richard Meier, propre de remarquables expositions dédiée à la peinture du XXe siècle, comme cette exposition Emil Nolde, formidable de couleurs d’un expressionniste toujours actuel.
Les hôtels y sont légendaires, et les palaces comme des perles bordant la Lichtentaler Allee, la promenade verte de la ville. Le plus fameux d’entre eux, le Brenner’s, a vu Charles de Gaulle et Konrad Adenauer y sceller l’amitié franco-allemande. C’est désormais une demeure de notre temps avec son vaste complexe de remise en forme et sa piscine couverte, sous sa coupole en rotonde, ses beaux salons à l’anglaise, ses deux restaurants délicieux, ses chambres qui ont su garder le cachet ancien et le mobilier choisi avec des salles de bain de marbre clair. Le style de ce lieu mythique est intemporel. Comme Baden-Baden, le Brenner’s n’a pas d’âge. Il paraît éternel.
Brenner’s Park-Hotel & Spa, Schillerstr. 4, Baden-Baden. Tél. +49 (0)7221/90 00. Ch. 240-590 €.
Site: www.brenners.com
Tourisme Baden-Baden, Kaiserallee 3, Baden-Baden. Tél. +49 (0)72221/275200. Site: www.baden-baden.com