La Coupole
« Le grand théâtre de la Coupole (Paris 14e) »
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Irremplaçable, généreuse, robuste, monumentale: c’est la Coupole. Une institution parisienne qui dure depuis les années 1920, fut un lieu de rendez-vous pour tous, un QG culturel, un abri ou un même un club pour les peintres, un carrefour des arts, un dancing, une balise pour les rendez-vous galants et amoureux, un repaire en tout genre, une brasserie, certes, mais d’abord un monument.
Je l’ai revisité ce midi, avec Alex Bader (voir le clin d’oeil sur facebook), juste avant un voyage en Bretagne, et nous avons cédé aux huîtres de Marennes, de Quiberon, de Lannilis, comme au gigot sur sa voiture tranche, au foie de veau pommes purée, sans omettre une omelette norvégienne, flambée au Grand Marnier, belle comme dans un souvenir d’enfance.
Mais, précisément, la Coupole c’est cela: un restaurant qui est un beaucoup plus qu’un restaurant. Un lieu qui cultive le souvenir, ravive les grandes orgues de la nostalgie. Ou, plus simplement, un grand théâtre.
Maurice Rougemont, mon vieux complice photographe, s’y est faufilé, y a saisi l’instant complice, mettant le doigt sur l’instant où le professionalisme du service, sa précision, sa rigueur laissent la place au rêve.
Le moment où tout bouge, où cela pourrait valser: car une brasserie, c’est un spectacle. Et la Coupole (que le Michelin oublie, on se demande pourquoi – rappelez-vous mon papier tout récent sur l’Excelsior à Nancy) est bien l’une des Rolls du genre. Et sans doute son dinosaure de charme.
Il y a le sourire du serveur, l’instant volé, le flambage en salle, le service au guéridon, le moment de réflexion sur la carte. Un repas, vous le savez, ce n’est pas seulement la cuisine, qui est ici bien honorable, avec des plats de tradition immuable (rillettes de saumon, escargots de Bourgogne marinés au chablis, belle sole meunière et fameuse andouillette AAAAA).
Il y a le célèbre curry d’agneau qui reviendra jour en vogue, comme le hot fudge. Bref, ces vieilleries exquises que goûtèrent Sartre et le Castor sous les fresques de peintres oubliés sur des piliers retrouvés. Plus une carte de vins en or, où l’on trouve aussi bien le riesling de Lorentz en carafe (parfait sur les coquillages), qu’une merveille bordelaise comme ce Château Le Crock St Estèphe, si parfumé en 2002, avec son nez de merlot éclatant, à 59 €.
Bref, voilà un lieu culte qui persiste à avoir une âme. En 2010, n’est ce pas rare?