Hostellerie Bellevue
« Obersteigen: les bonheurs de la petite Suisse »
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C’est une demeure d’Alsace que tout le monde oublie. Même moi, qui ne l’ai pas encore mise sur ce blog alors que j’en suis un familier depuis trente ans au moins. Voilà l’omission réparée. J’y ai même, pour faire bonne mesure, convié mon ami André Muller, qui est le Petitrenaud régional et dont les randonnées gourmandes à vélo pour France 3 sont déjà légendaires…
Ce sont là les parages de la Petite Suisse, entre Dabo et Wangenbourg, une sorte de poste frontière pacifique sur la ligne invisible séparant le Bas-Rhin de la Moselle, ou les faisant ici se rejoindre. Les Messins connaissent ce lieu, qui, depuis trois générations et le juste après guerre, constitue un lieu de villégiature panoramique au charme intact, désormais rétro, idéal pour ce qu’on nommait autrefois les « cures d’air ». On pourrait certes rénover la façade, mais les chambres à l’ancienne, l’intérieur boisé, la terrasse en jardin ont du cachet. On ajoute la gentillesse de l’accueil, la joliesse de la cave et le sérieux de tout ce qui se trame ici.
Jean-Paul Urbaniak, officiellement en retraite, conseille en salle, choisit les vins, relayé par son fils Jérôme, qui est le midi aux côtés du chef Sébastien Henry. Ce Lorrain de Sarrebourg, formé jadis chez Ernest Mathis et Georges Schmitt à l’An II, présent depuis dix ans, joue une partition classique à la fois légère et appliquée, rajeunie au fil des saisons et du marché, pratique surtout la finesse et le goût et fin sans faiblesse. Des exemples? Le carpaccio de chevreuil, la tranche de foie gras d’oie maison avec sa fine gelée, le pâté en croûte à l’ancienne qui sont là comme des leçons de choses.
Là dessus, on goûte des vins qui font honneur à la région (pinot gris des Hospices de Strasbourg vinifié par Lorentz/Klipfel à Barr, riesling Ostenberg de Loew à Westhoffen) ou des bourgognes de toute beauté vendus à prix d’amis (comme ce magnifique aloxe corton de Dubreuil-Fontaine en 2009, si fruité, si séducteur). On ajoute des mets de résistance de belle tenue (comme cette composition marine avec truite saumonée, raviole de homard, gambas avec son impérial beurre blanc).
Et l’on n’oublie pas les desserts d’enfance, toujours d’actualité gourmande, comme le fameux soufflé glacé au Grand Marnier – un des modèles du genre -, les sorbets maison aux fruits d’ici et d’ailleurs ou encore le rituel kougelhopf glacé aux pruneaux et calvados. Bref, voilà une demeure d’autrefois qui a le bon goût de plaire en demeurant fidèle à elle-même, à son histoire, comme à ses racines.