Auberge Santa Barbara

On est venu de loin au pied de la colline admirer la silhouette des maisons de granit à la fois hautes et resserrées. Cette procession de demeures grises s’étagent comme un troupeau, juste au pied de la montagne. Il y a les ruelles montueuses, les venelles pentues, la place en triangle avec ses terrasses ouvertes, les vues sur la vallée. Les visiteurs viennent y guetter la vérité du pays. Là, une boutique vend le vend le vin d’ici en trois couleurs, les charcuteries de montagne, le fromage de brebis fort. Là, une autre échoppe explique le savon artisanal, à l’huile d’olive et à la lavande, dont la préparation se fait juste devant vous. Le clou de la visite ? Une pancarte l’indique, à deux kilomètres sur la route de la mer et du majestueux golfe de Valinco, qui note simplement « Auberge Santa Barbara ».

Cette demeure mythique est celle de Gisèle Lovichi, grande dame de la cuisine corse, qui a passé le relais à sa fille Marie-Pierre. Mais elle veille encore, sans son turban de jadis, mais toujours avec ses beaux yeux bleus et son fort caractère, à ce qu’une équipe jeune, enthousiaste, performante, vante sa cuisine à elle. « La cuisine de Gisèle »… c’est à dire le goût corse, droit et pur. Le menu du jour vante, avec subtilité et modestie, la tradition du pays, la soupe, épaisse, parfumée, aux gros haricots blancs façon Soissons, ou la terrine de campagne et les cannelloni au bruccio. Puis la daube de veau avec sa polenta, l’assiette des fromages et le flan à la châtaigne.

classiques qui ont nom aumonière au brocciu, avec son sorbet mandarine, pain perdu aux poires et au miel, tarte feuilletée aux pommes, servie chaude, ou profiteroles au chocolat. Le rosé de Sartène de Fiumicicoli passe là-dessus comme une lettre à la poste. Un air de bonheur de bonheur, comme une brise légère, flotte sur la demeure. Nous sommes au pied de Sartène, « la plus corse des villes corses », comme l’écrit Mérimée dans « Colomba », une ville droite, forte, éternelle.