Sole e Monti

Le personnage est truculent, le lieu sympathique. L’auberge? Rustique, simple, charmante, dédiée au soleil et à la montagne, mais aussi un joyeux repaire de gueule. Félicien Balesi, qui l’a fait connaître, en y établissant le QG des gourmands qui, visitent l’île de beauté, mais savent tourner le dos à la mer, a pris officiellement sa retraite. Il passe le relais à ses deux nièces, Elodie et Estelle,  qui reprennent l’affaire en douceur, après une formation  sérieuse. La première a fait l’institut Paul Bocuse à Ecully, la seconde une école de commerce.

Reste que tonton Félicien veille encore. Cet aubergiste moustachu et souriant, qui pourrait être fils des amours illégitimes d’Astérix et Obélix,  demeure le gardien fidèle de la gourmandise du haut pays. Il fait goûter la soupe corse doucement mitonnée à l’os de jambon, l’assiette de charcuterie corse, la pressée de légumes grillés au bruccio avec son pesto, le sanglier en marinade au vin du pays, le cochonnet rôti, le sauté de veau bio de Jacques Abbatucci aux olives, les tripettes pommes vapeur et le cabri à la pointe d’ail.

Il y a aussi les plats qui renouvellent l’esprit de la maison et rappelle que le fidèle Hamid veille aux fourneaux, surfant joliment sur ses origines, avec l’épaule d’agneau façon tagine au boulgour et artichauts ou encore le magret entier au ras al hanout. En issue, le flan aux œufs, le moelleux à la châtaigne et le fiadone – la tarte traditionnelle au bruccio – ne donne que du bonheur. Depuis les chambres simples, mais claires et gaies, partiellement rénovées, le grand spectacle des montagnes et de la vallée se dévoile en majesté.