1

Martin Berasategui

« Lasarte: Berasatégui, bon génie basque »

Article du 17 mai 2013
Martin Berasategui en cuisine © GP

Martin Berasategui en cuisine © GP

Est-il le plus méconnu des trois étoiles de son pays – car il ne figure pas dans le classement des « 50 meilleurs tables du monde », au contraire de beaucoup de ses pairs? En tout cas, il n’est pas le moins médiatique, car il a aménagé un studio de télévision sous son restaurant moderne, sis dans la cité résidentielle de Lasarte, une quinzaine de kilomètres au sud de Saint-Sébastien. Tandis qu’une cinquantaine de marmitons s’activent dans sa cuisine immense, à créer, mettre en forme, revoir, perfectionner ses plats millésimés.

Mille-feuille caramélisé d'anguille, foie et pomme © GP

Mille-feuille caramélisé d’anguille, foie et pomme © GP

Consommé de chipirons © GP

Consommé de chipirons © GP

Huître au concombre © GP

Huître au concombre © GP

Son millefeuille caramélisé d’anguille fumée, au foie gras, petits oignons et pomme verte date de 1995. C’est le premier de ses « plats signature ». Servi en portion mini il débutera à l’évidence un grand repas symphonique chez Martin Berasategui. Sa grande salle  moderne qui a vue sur les vertes collines piquetée de moutons, a le charme zen. Les plats? Savants, vifs, ludiques, techniques, certes, mais sans jamais perdre de vue la ligne bleue du bon goût et le franc jeu des saveurs nettes.

Ail noir et betterave en ceviche © GP

Ail noir et betterave en ceviche © GP

Fenouil en risotto © GP

Fenouil en risotto © GP

Foie gras braise aux algues © GP

Foie gras braise aux algues © GP

Des exemples? Le consommé de chipirons avec son ravioli farci de son encre et son croustillant, l’huître avec concombre, kafir de fruit acide et coco ou encore l’ail noir  sauté avec son céviche de betteraves et son granité de radis et crème de raifort. Pas star à la grosse tête, mais chercheur modeste, remettant sans cesse son métier sur l’ouvrage, Martin Berasategui imagine un risotto de fenouil cru émulsionné au parmesan, comme un foie gras braisé aux algues posé sur du lait caillé au raifort avec bouillon fermenté et sel de noisette ou encore un oeuf  dit « Gorrotxategui », translucide, sur une salade liquide d’herbes avec son carpaccio de gorge de porc.

Oeuf Gorrotxategui © GP

Oeuf Gorrotxategui © GP

Salade tiède de coeurs de légumes © GP

Salade tiède de coeurs de légumes © GP

Rouget et écailles © GP

Rouget et écailles © GP

C’est vif, savant, bluffant. Un brin gadget, certes, quoique jouant le goût net et frais avant tout. Ménageant craquant et moelleux, fruité et séveux avec art. Il y a encore la salade tiède de coeurs de légumes avec sa gelée de crustacé, crème de laitue, jus iodé, le bouleversant rouget aux écaillesébouillantées, frites et croustillantes, formidablement « comestibles », avec pousses de soja et semoule de blé. Ou encore le pigeonneau rôti aux oignons avec museau ibérique jus de gingembre et câpres.

Pigeon © GP

Pigeon © GP

Filet de boeuf Luismi  © GP

Filet de bœuf Luismi  © GP

Mais le « simple » filet boeuf « Luismi » de Galice, bien maturé et servi braisé sur un lit de blettes et un bonbon de fromage, est d’une franchise de goût bouleversante. L’un de ses meilleurs tours: royal dans sa vérité. On ajoute à cela les vins ibériques nouveau style: frais et vif Ossian blanc 2010, issu de Verdejo en Castille & Léon ou rouge Puntido grande réserve 2005, 100% tempranillo, boisé, certes, mais n’omettant pas le frut, produit en rioja, qui donnent une touche de classe à un repas de rêve.

Glace et granité d'orange sanguine © GP

Glace et granité d’orange sanguine © GP

Brouillard de café et cacao © GP

Brouillard de café et cacao © GP

In fine, les desserts de cet ancien stagiaire en pâtisserie de chez Mandion à Anglet, qui travailla aussi chez Giraud à Valence, Ducasse à Monaco, Oudill à Grenade-sur-l’Adour, joue la légèreté et la digestibilité grandes: glace et granité à l’orange sanguine sur frappé de tubercule au sucre muscovado, yaourt et poivre ou encore « brouillard » (on dirait aussi nuage…) de café et cacao sur banane avec sorbet et granité whisky. Bref, ce modeste est un tout grand. Distillant ici et là des grands génies sans jouer paillettes et strass. Le service est amical, l’ambiance douce, l’atmosphère complice et les prix, ceux d’un trois étoiles presque modeste pour tant de bonheur.

Martin en salle © GP

Martin en salle © GP

Enseigne dans le jardin © GP

Enseigne dans le jardin © GP

Martin Berasategui

Calle Loidi 4
20160 Lasarte-Oria
Espagne
Tél. +34 94 336 64 71
Menus : 185 €
Carte : 120-160 €
Fermeture hebdo. : Lundi, mardi, samedi midi, dimanche soir
Site: www.martinberasategui.com

A propos de cet article

Publié le 17 mai 2013 par

Martin Berasategui” : 1 avis

  • Serge

    Indéniablement Martin est l’un des plus grands et nettement supérieur à « ses voisins » plus médiatiques comme Mugaritz. Vous dites « gadget »….alors Mugaritz cela doit être de la « pochette surprise » pleine de gadgets… Vous ne dites pas aussi que le service est absolument exemplaire et à aucun moment ostentatoire. Des serveurs habillés comme des mannequins portant des gants blancs et le plus admirable, qui arrivent a indentifier qu’un convive est gaucher et le dresser immédiatement correctement! Chapeau! Dommage que vos photos ne rendent pas justice à ce genie, elles sont floues et sombre.

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !

Martin Berasategui