Apicius
« Paris 8e: le seigneur d’Apicius »
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Il reçoit en seigneur dans sa demeure aristocratique avec jardin, sise au coeur de Paris des affaires, fut jadis l’autodidacte du Grandgousier avenue Rachel, près du cimetière Montmartre, avant de rameuter la clientèle des beaux quartiers dans son Apicius de l’avenue Villiers, transportée avec succès dans son « château » proche des Champs-Elysées. La demeure, très XVIIIe, qui fut celle de Luc Besson, a peau avoir le port noble, le beau Jean-Pierre Vigato n’a pas oublié ses origines banlieusardes et populaires. Il accueille avec la gouaille d’un hobereau citadin auquel le succès n’a jamais donné la grosse tête.
Ce cuisinier autodidacte, qui fut jadis en salle chez Maître Albert, joue chez lui les saveurs justes, canailles, séductrices, jamais chichiteuses. Le produit de saison, la qualité de la matière première, les alliances de goût précises et sans faille: voilà sa manière, qu’on pourrait bourgeoise ou même bocusienne, car Vigato pourrait reprendre à son compte l’adage du grand Paul de Collonges selon lequel il n’y a pas de bonne cuisine, sans bons produits.
Son mariage des asperges vertes de Lauris avec les premières morilles de printemps posées sur un lit de spaghetti avec une pointe de vin jaune tient du chef d’œuvre d’évidence. Avec Vigato, c’est ni trop, ni trop peu. De même le homard traité à la fois en mille-feuille et carpaccio, avec pousses d’épinards, moutarde légèrement citronnée, gingembre et algues émincées est la fraîcheur même.
Il y a encore les « classiques » grenouilles dorées au beurre salé et sa mini soupe de grenouilles, la désormais rituelle ici galette croustillante de pied de cochon avec sa salade verte mêlée comme un pied de nez plébéien dans cette demeure si chic avec ses beaux salons, ses lustres, ses toiles contemporaines: provocant, savoureux autant que séducteur !
Là-dessus, le fidèle Hervé Milet, fidèle à JP Vigato depuis trois décennies, vous déniche des crus méconnus qui donnent de l’esprit à cette cuisine de cœur. Jerez de Fernando de Castillas, mâcon-cruzille les Perrières de Guillot-Broux ou encore méconnu château Puymartin en médoc, côté St Julien, signé Jean-Louis Triaud.
On n’oublie pas les desserts qui sont toujours ici un moment fort, comme ce « tout chocolat » à se pourlécher, ces glaces à tomber (ah, ce réglisse et ce yaourt!), sans omettre, in fine, la mince tarte aux pralines et ces tuiles caramel glissées avec le café. Dites, comment ne pas aimer Vigato?