Auberge Albert-Marie

Pierre Stenjacob et son équipe © Maurice Rougemont

Evidemment qu’on la connaît cette belle halte gourmande, bourgeoise et cossue, au cœur du pays minier, pile sur le bord de route, entre Freyming et Forbach,  dix km de la frontière de la frontière sarroise. Pierre Sternjacob, l’a dédié dans les années 1970, à ses parents Albert Marie, qui tenaient l’Union à Forbach. Il a été plus qu’embêté par un AVC, se rétablit, passe en salle saluer les clients, a mis en place une jeune équipe, en partie formée dans les grandes maisons (l’un chez Marc Veyrat à Annecy et Michel Roth au Ritz), qui travaille sous sa houlette à faire plaisir à tous et se montre, au plus haut point, respectueux de la tradition. Chez les Sternajcob, on est “ restaurateur de père en fils depuis 1925 ”, et, comme tout ici se fait en famille, on se sent presque comme chez soi, sinon mieux. La décoration qui date des origines, avec ses boiseries, ses tables espacées, son beau vitrail avec un coq, qui a vue sur le dehors, est confortable.

Plats © Maurice Rougemont

La femme de Pierre, Nicole, est en salle avec prestance, conseille avec une gentillesse rassurante, tandis que le fis Paul, revenu de ses voyages et de ses années de formation en salle au Club Med, raconte les vins avec enthousiasme. Il y a aussi la belle sœur Dorothée, d’origine polonaise, native de Cracovie, qui illumine la salle de son sourire. Côté mets, on joue le marché et la saison, les belles asperges blanches aux deux sauces (vinaigrette et mayonnaise), la soupe de poisson à la marseillaise, la belle terrine de campagne estampillée maison, comme le saumon cru d’Ecosse mariné à l’aneth. Bref, du sûr, du frais, du connu, mais qui fait, simplement, plaisir. On y ajoute l’escalope de foie gras aux fruits de saison, le carré d’agneau aux herbes, la pomme de ris de veau braisée à l’étouffée ou le foie de veau à l’anglaise. Il y a encore ce morceau de bravoure que constitue la belle galette de pied de cochon désossé, farcie avec ses aux légumes et son jarret, flanquée de ces galettes de pommes de terre émincées qu’on nomme en Alsace des « grumbeerekiechle ». La cave est immense, autant bordelaise, bourguignonne, qu’alsacienne ou rhodanienne. On y trouve un muscat d’Albert Mann à Wettolsheim, qui fat le plus plaisant des vins d’apéritif et se marie à merveille sur les asperges,   comme un fameux pinot noir les Clos du Château de Vaux qui indique la Moselle des vins a son mot à dire.

Décor © Maurice Rougemont

On ne fait pas l‘impasse sur les desserts, qui font plaisir, à coup de parfait glacé aux mirabelles, charlotte aux fraises, panna cotta aux fruits rouges, crème brûlée à la rhubarbe et rhubarbe ou encore mousse au chocolat.  Bref, on se régale ici sans prise de nouveauté, sans souci d’aller guetter la nouveauté à tout prix. Qui a dit que le classicisme était indémodable ? A Rosbruck, en lisère de Forbach,  il se porte à merveille.