Windhof
« Retour dans le « Krumm' » »
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Evidemment, si vous ne connaissez que St Tropez ou l’île de Ré, le « Krumm' » ne vous dira rien. Voilà l’Alsace Bossue (qu’on nomme « tordue » en dialecte), avec ses vallées douces, ses vergers tendres, son faux air de pays d’Auge à la mode d’ici, entre Moselle et Sarre. Cette Alsace ci, avec ses village-rues, ses demeures prolongées d’une ouverture sur l’extérieur (le « Schopfhus »), ses châteaux discrets (Lorentzen ou Diedendorf), sa petite capitale (Sarre-Union), a la modestie pour elle.
La grande table locale se nomme le Windhof. Les Kehné ont transformé, il y a 20 ans, une grosse ferme du plateau lorrain, qui fut aussi une salle de bal, en table sérieuse et cossue, avec sa déco boisée à l’allemande. L’adresse a subi un coup de jeune grâce au fils Laurent, qui a oeuvré dans une pléiade de maisons fameuses (Crocodile à Strasbourg, Auberge de l’Ill à Illhaeusern, Cerf de Marlenheim, Cygne à Gundershoffen), transformant le style maison, l’allégeant, mais sans rupture. Tandis que sa soeur Stéphanie, qui travailla en salle au Erckmann-Chatrian phalsbourgeois, anime le service avec un entrain pimpant, conseillant les vins avec verve.
Bref, on se fait fête là avec de jolis menus, des mets de saison, des produits de qualité. Ce midi, les deux salles, vastes et hautes, étaient occupées par des couples en goguette, un quatuor de la gendarmerie voisine, sans omettre une grande famille et ses amis après un enterrement. Bref, toute une région dans sa diversité, dans une seule maison qui la rassemble. Les menus proposaient le guacamole en croustillant de pomme de terre (qu’on nomme « darphin » à « l’intérieur » et ici « grumbeerekiechle ») à l’avocat et au crabe, la verrine de moules, les cannellonis de foie gras, le pavé de maigre à l’émulsion de vin blanc.
On ajoute le joli pavé de cabillaud à la plancha aux écailles de chorizo, le risotto crémeux, l’onglet à l’échalote, le rognon de veau proposé entier avec ses tagliatelles et sa sauce moutarde à l’ancienne, avant le brie truffé. Ou encore le streussel aux quetsches et sa glace vanille.
Il y a encore cette carte de vins bien choisis, tarifés sans outrance, comme ce riesling Schoenenbourg grand cru de Dopff au Moulin à Riquewihr, ou ces bordelais méconnus, comme le château Falfas en côte de bourg ou le fameux Puyguéraud, côtes de Francs, le 2001 à 26 €, signé Nicolas Thienpont (propriétaire du fameux Le Pin à Pomerol). Bref, avec des menus en or et un accueil soigné, on passe un joli moment en se disant que l’Alsace est grande, diverse, généreuse, la « bosse » du talent en plus.