Morand croqué sur le vif et sur le tard

Article du 17 mars 2013

Immortel, enfin, de Pauline Dreyfus

Un livre rare, un ouvrage délicieux, un bouquin inattendu: c’est  le récit du dernier combat de Paul Morand, vieux sage, perclus de rhumatismes, enfin accepté à l’Académie Français après quatre candidatures, raconté par une jeune femme d’aujourd’hui qui s’est coulée avec aise dans le corps et la tête de notre impertinent immortel. « Roman » souligne l’éditeur, sous le titre sybillin. Disons plutôt document apocryphe. Pauline Dreyfus raconte si joliment, sur le mode morandien, à coup de phrases courtes, portant vers l’aphorisme, qu’on croit qu’elle nous livre une biographie sur le vif. Hélène, née Soutzo, clouée sur son fauteuil, n’y voyant goutte, se méfiant de tous, assistant au triomphe de son séducteur de mari, Paul, le cavalier intrépide, le coureur des cinq continents, l’auteur de « Londres », de « Lewis et Irène » et de « l’Europe Galante », qui n’a pas encore livré son « Venises »- mais ça ne saurait tarder,  passant des Hayes et de la forêt de Rambouillet au Quai Conti, accumulant les conquêtes féminines et les insuccès littéraires, devenu enfin ce Bouddha paisible à quatre vingt ans et des poussières…: voilà, entre autres mille petites choses, ce qui vous attend là.

Paul Morand en académicien © DR

Paul Morand en académicien © DR

Passent aussi les figures alertes et drolatiques de Patrick Modiano et de Jean d’Ormesson, de Jacques Lacretelle et de Jean Cocteau, du Général de Gaulle – qui lève enfin son véto – et de Paul Claudel, de Michel Blondin et d’Alexandre Vialatte… On se gardera de tout – et tous – citer. Ce livre se lit comme un bonbon, se croque comme une friandise. Cette fantaisie littéraire est bien digne de son auguste modèle.

Immortel, enfin, de Pauline Dreyfus (Grasset, 229 pages, 17 €).

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Publié le 17 mars 2013 par

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