Le petit dernier du Magritte des lettres

Article du 6 juin 2010

Le petit dernier du Magritte des lettresFormidable et drôle, bouleversant et insolite : le dernier Van Cauwelaert est l’un des plus aboutis de son prolifique auteur. Le toujours jeune Goncourt 1994 (pour « Un aller simple ») a rarement mieux réussi dans l’émotion liée à l’humour. Ce qui est totalement son registre.  Ce petit Magritte des lettres (qui rendait hommage à son peintre préféré, dans son avant dernier roman («  la Maison des Lumières ») aime classer ses propres œuvres en catégories qui se recoupent – « les seconds départs », « la raison d’amour », « les regards invisibles » – s’amuse là à brouiller les pistes. « Les témoins de la Mariée » pourrait se glisser, peu ou prou, dans les trois catégories. On croyait entrer dans une comédie américaine avec une mariée invisible venue de Chine, un fiancé mort, quatre témoins baroques, amis de ce dernier, chargés de consoler la future veuve. Et l’on se retrouve avec quatre romans d’amour mués en un.

Résumons d’un trait : Hermann dit Bany, secrétaire factoton, « dégoûteur de filles » (de son maître, qui lui est séducteur à temps plein),  Marlène, galeriste et femme de cœur, Jean-Claude, hôtelier raté, manager qui s’ignore, mari déchu, enfin Lucas, journaliste brillant, en mal de roman, militant pro-Tibet et handicapé en fauteuil, doivent réceptionner la fiancée de Marc, leur employeur et ami, photographe célèbre mort, juste avant ses noces, au volant d’un de ses bolides de course.

Ils vont tenter d’abord de cacher la mort de Marc à la belle Yun, puis, à tour de rôle, tomber amoureux d’elle. On n’en dit pas plus. Faute de quoi ce thriller surréaliste perdrait de son miel. Mais on saura qu’en en débutant la lecture on pénètre dans une autre dimension. La réalité rêveuse et drôle, chère à Didier Van Cauwelaert, qui écrit avec une troublante facilité et désopilante ferveur, ressemble à une jolie course au bonheur.

Les Témoins de la Mariée, de Didier Van Cauwelaert (Albin Michel, 248 pages, 19 €.)

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Publié le 6 juin 2010 par

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