Citizen
« Epinal: Lapôtre ou l’éternel retour »
Toute l’équipe © Maurice Rougemont
Il est le pigeon voyageur de la cuisine vosgienne, le garçon doué, jadis formé au Chambard à Kaysersberg, natif de Strasbourg, dont la maman Maïe tenait le Collet à la Schlucht – c’est désormais son frère Olivier qui s’y colle. Bref, voilà Franck Lapôtre, qu’on a connu au Belbriette à Xonrupt-Longemer, puis au Quai des Pêcheurs, après avoir fermé le Valentin Sorg à Strasbourg, enfin à la Station des Sens d’Epinal, qui a transformé l’ex Taverne de Maître Kanter d’Epinal en bistrot tendance et gourmand.
Tati sur écrant plat © Maurice Rougemont
Citizen? Autant dire: « bistronomie citoyenne », usant des produits régionaux au maximum (selon la démarche « locavore » en vogue), pour une cuisine du Sud, exécutée par son chef Fred Mory: voilà ce qui vous attend, dans un cadre relax, drôle, sympa, avec ses banquettes, son comptoir, souligné de têtes de cerfs, ses teintes rouges et grises. Plus les films de Jacques Tati, Playtime ou les Vacances de Monsieur Hulot diffusés sans le son en guise de déco mouvante…
Au comptoir © Maurice Rougemont
Assurément, le lieu a du charme. La cuisine n’en manque pas. Qui se veut attrape-tout non sans justesse. Ce qu’on goûte ici change au fil du temps. Soupe de potimarron, oeuf coque sans coque avec pleurotes, sot l’y laisse et jambon serrano, foie gras poché au vin chaud et chutney raisins et abricots, risotto (au riz Carnaroli) aux gambas, courgettes, asperges et artichauts, turbot snacké avec caponata de légumes au basilic signent une cuisine du Sud non sans caractère.
Plats © Maurice Rougemont
On ajoute les jolis instants carnassiers que constituent le rognon de veau entier au poivre de Jamaïque avec son écrasée de pommes de terre aux cébettes, ciboulette et huile d’olive ou le tartare de boeuf vosgien au couteau flanqué de frites et roquette. Ou les gourmands desserts, comme la crème prise à la citronnelle avec fruits rouges, crumble, cardamome et glace yaourt ou le cheese cake (un peu sec) banane, spéculos, avec glace caramel au beurre salé.
Franck Lapôtre e salle © Maurice Rougemont
On boit les jolis vins du moment au verre: un chardonnay de Laroche, un gewurztraminer de chez Boeckel à Mittelbergheim ou un château Cardinal-Villemaurine, saint-émilion grand cru, superbe de fruit et de longueur en 2007. Bref, on se régale sans se ruiner. Et l’on espère qu’Olivier Lapotre, présent ici depuis trois ans déjà, va rester longtemps. Les Spinaliens gourmands ne demandent que ça!
En cuisine © Maurice Rougemont
