Elounda Mare
« Un paradis nommé Elounda »

Elounda Mare: l'église orthodoxe et la baie de Mirabello © Maurice Rougemont
Bien sûr, j’aurai pu prendre le Casa/Heraklion, voguer en mer, traverser toute la « Mère Méditerranée », butiner, ça et là, entre la Sicile, Malte ou la Sardaigne, lorgner Corfou, hésiter entre Cyclades et Sporades. J’ai préféré le plus simple et le plus efficace, sinon le plus charmeur: l’omnibus aérien de Transavia (www.transavia.com), le « low cost » d’Air France, qui rallie , à heure décente, Paris-Orly à Heraklion en trois heures trente. De là, le paradis se gagne sinon en un clin d’oeil, du moins en une heure, le temps de filer, avec l’aide d’un taxi, retors, qui déjoue les embouteillages et les pièges de la conduite à la Crète, depuis l’aéroport à la pointe nord-centre de la Crète vers son aile extrême orientale et septentrionale.

l'île de Spinalonga dans la baie de Mirabello © Maurice Rougemont
Le but du voyage se nomme Elounda. Les yachts se croisent sur la baie de Mirabello, s’arrêtent face à l’île de Spinalonga, dont l’étonnante citadelle vénitienne se confond avec le roc. Pour y arriver, on longe la côté désormais minée par les palaces, qui ont remplacé les forteresses d’antan sur les contreforts des collines face à la mer.
Aghios Nikalos, son port en fer à cheval aux airs de St Tropez crétois, son lac intérieur de Voulisméni bordé de terrasses à touristes, sa cathédrale orthodoxe moderne et son musée archéologique sont à deux pas. Au Nord-Est de la Crète, voilà une petite Riviera grecque qui ne dit pas son nom. Elounda, avec son port de plaisance, ses boutiques simplettes, ses tavernes multiples (je pense à Uritomartes, vouée aux mezzés comme à la pêche locale), ses bateaux à quais, forme un décor de carte postale.

Piscine dans un bungalow à l'Elounda Mare © Maurice Rougemont
La vedette de l’hostellerie locale a été bâtie par les Kokotos, lui, Spyros architecte, elle, Eliane, fille d’hôteliers d’Aghios, dans les années 80. C’est Elounda Mare, qui fut le premier Relais & Châteaux grec, en 1988, conservant sa silhouette de blanc navire façon Mallet-Stevens face à la mer, se dotant de délicieux bungalows de pierres pourvus, chacun, d’une piscine, avec ses ruelles, ses arcs, son aspect de faux village crétois noyé dans les oliviers, le tout face à la mer.
Il y a l’église orthodoxe couronnée d’une coupole, surmontée d’une croix grecque, ses boutiques, ses deux restaurants de qualité (Yacht Club, Old Mill), dont on va vite reparler, ensemble mais aussi son spa « six senses » voué aux massages et à la réflexologie, sa plage proposant tous les sports marins, plus le bateau local permettant la croisière facile vers les rives proches, les criques où l’on se baigne à l’aise et Spinalonga juste en face: voilà ce qu’on trouve, réunis juste pour le plaisir.

Restaurant Calypso au Elounda Peninsula © DR
Alentour, les hôtels rivaux ou cousins (les Kokotos, qui en construit plusieurs, en possèdent deux autres) ont fleuri qui accolent au nom d’Elounda celui de Beach, Bay, Porto, Palace, Bungalows ou Peninsula (formée de suites exclusives). Dans ce dernier, Jacques le Divellec, Rochelais frondeur et Obélix des mers, amarré à Paris, face aux Invalides, vient donner des cours de cuisine marine, veillant à la bonne marche du restaurant le Calypso, placé sous la houlette d’un de ses jeunes disciples, passé en Angleterre et en Espagne. Ce dernier a aussi en charge un « room service » avec langouste, dont la riche clientèle russe fait son miel. Il a sans doute du mal à imposer un style riche (langouste et foie gras, quenelle de lotte et consommé de homard) ou plus simple (loup en croûte de sel ou poêlé au pimenté d’Espelette, carpaccio de magret et foie gras aux tartares de mulet et de saumon, papillote de poisson et coquillage et julienne), très « terre/mer », hardi et recherché, à un parterre peu ouvert à une gastronomie chantournée.

Une chambre en bungalow à l'Elounda Mare © Maurice Rougemont
Reste que c’est bien à l’Elounda Mare, avec son style feutré, son service attentif, son air charmeur de vrai/faux village bonhomme dans un dédale de ruelles encombrées de feuillages, ses bungalows peints à la chaux, avec bois précieux et marbre au sol que les choses les plus douces se passent. Et que l’on éprouve la tentation – hédoniste – de demeurer les pieds dans l’eau, sans sortir, ou à peine de son bungalow…
Même si voisins, à fleur de montagne, se cachent quelques uns des trésors de la Crète éternelle, une église unique, un site archéologique, un village typique avec ses couturières qui tissent patiemment la dentelle. Mais ce sera pour une prochaine aventure.

Les bungalows d'Elounda Mare © Maurice Rougemont