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« Et on vous payait pour ça! » : les mémoires de Michel Piot

Article du 15 décembre 2012

Et on vous payait pour ça! - Michel Piot

Le titre est drôle, le livre se lit avec délice (s) en prenant son temps, d’autant que Michel Piot a attendu ses sept dizaines d’années pour publier son premier ouvrage (il y a même un deuxième, avec un hommage à son père « Il s’appelait Pierre Scize », aux éditions Bénévent) qui conte avec humour et sagacité sa carrière de gastronomade. Bref, on découvrira là sa vie de jeune journaliste impatient et impécunieux, la rencontre amoureuse avec Odile, celle, déterminante, au Figaro de Bernard Pivot, dont il devient l’une des plumes gourmandes, sous le double pseudonyme de Dulac et Saverne, plus ses débuts individuels sous le nom de Berchoux et ses longues aventures d’observateur éclairé du monde de la gastronomie durant trois décennies.

Il y a l’amitié et l’admiration pour les grands, le compagnonnage avec Alain Chapel ou Jacques Maximin, le récit d’une croisière au Figaro, les reportages gourmands sur les pêcheurs de morue ou d’esturgeon, des portraits de chefs en rafale (avec notamment un bel hommage à Paul Bocuse) et son explication de la mort de Bernard Loiseau.

A ce sujet, le gars Michel n’y va de main morte, écrivant tout crûment ce que beaucoup suggéraient. « Un journaliste, dont m’insupporte l’acharnement qu’il met, dans le style prétentiard et abscons qui lui tient lieu de talent, à dire du mal des maisons qu’il prétend critiquer, avait pondu des lignes ignobles sur la maison de Saulieu. Ce monsieur, qui paraissait masqué dans les émissions de télévision où il était invité afin de préserver son ridicule incognito, était l’homme que Le Figaro allait choisir pour me succéder à mon départ en retraite. J’en fus attristé mais n’y pus rien. Je pense qu’il a été une des causes, peut être la principale, du suicide de mon ami« .

Mais ce livre, à tonalité hédoniste et humaniste, n’est guère polémique. Il s’achève même par un éloge de la vie de retraité en Cotentin et du compagnonnage dans un sorte d’amical phalanstère avec ses amis de Carteret. Bref, voilà un récit nourri de mille rencontres, qui incite au voyage et donne tout simplement de se mettre à table avec large soif et bel appétit.

PS: on ne va reprocher quelques petites erreurs géographiques (ou orthographiques) ici et là (Gilles Tournadre mis à Caen et non Rouen, Régis Marcon placé lui – deux fois! – en Ardèche et non en Velay ou en Haute Loire). Sans omettre Turckheim mis sans « c »(alors qu’Arzak à San Sébastian doit, lui, s’écrire sans « c »!) et le Burehiesel avec un e en moins. Ni Pascal Ribereau-Gayon écrit avec un x. Plus Pudlowski avec un y… Ce sont là des broutilles qui ne gâchent pas un réel plaisir de lecture.

Et on vous payait pour ça ! Mémoires d’un critique gastronomique – Michel Piot

A propos de cet article

Publié le 15 décembre 2012 par

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  • Je ne l’ai pas lu, mais je vais courir l’acheter ! Ravi d’avoir des nouvelles de notre ami Michel.
    Cordialement !

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