L'Heure Bleue Palais

Entrée © DR

Le vent incessant, le port où tournoient les mouettes, la forteresse qui en fait un Saint-Malo du Maroc, la médina « bien dessinée » (Swira en arabe) par le français Théodore Cornut, les couleurs en blanc et bleu : voilà le charme de l’ancienne Mogador retrouvé. Il y aussi le mellah, le double cimetière avec la tombe du rabbin Haïm Pinto, les six synagogues qui rappellent l’antique présence juive de ce comptoir aux épices. Les Azoulay, qui n’ont jamais déserté leur pays d’origine (le cousin André est le conseiller du roi), ont fait l’événement, ranimant avec minutie et patience un ancien fondouk à l’orée de la ville ancienne, avec ses galeries en étage abritant chambres et suites façon « Out of Africa », patio fleuri où l’on dîne en toute saison, salons chaleureux. C’est  l’Heure Bleue Palais, un lieu à part dans une ville tournée vers le port.

Une chambre © DR

Au dernier étage, on déjeune, près de la piscine, face à la mer, d’araignée sauce cocktail, de salade souiri, de rouget entier, livrant son iode et sa fraîcheur. François Laustriat, que l’on connut à l’Hôtel de Paris à Moulins, alors deux étoiles sur la N7, dirige ce Relais & Châteaux stylé avec maestria, tandis que le chef Ahmed Handour, natif de Béni Mellal, joue avec les traditions, les produits de la côte et de l’arrière-pays, proposant une cuisine franco-marocaine de grande finesse. Le soir, entre salle boisée et patio, on se fait fête avec distinction. Avec la pastilla de fruits de mer, le millefeuille de tomate et araignée, le tajine de kefta de mostelle, le couscous de poisson et crustacés, le taboulé de rouget, le divin couscous berbère avec sa graine fine et ses légumes croquants, le loup aux fèves, la « tagra » de sardines et gambas en chermoula ou la poire pochée à la fleur d’oranger plus crème brûlée. Tout cela, servi avec professionnalisme et gentillesse, est juste de ton, raffiné, authentique.

François Laustriat © DR

Bien sûr, Essaouira qui commence à devenir « tendance », après des années d’oubli, avec la thalasso du voisin Sofitel, le vaste golf qui doit voir s’ouvrir un  hôtel attenant, ses tables connues (Côté Plage, Chez Jeannot, Villa Maroc, mais aussi Sam et le Coquillage au port, davantage dévolus aux groupes) ne manque pas d’attraits. Mais c’est à l’Heure Bleue Palais, ce lieu magique, que les choses se passent. La RAM qui assure des vols directs les jeudis et dimanches mènent ici les nouveaux habitués de ce lieu à part. Mais ne l’ébruitez pas. C’est encore un secret.