Ralph’s

Le beau patio du Ralph’s © GP

Peut on dire vraiment ce que l’on pense, dans la presse, sur Ralph Lauren et son nouveau joujou parisien? Un de mes plus vieux copains de la critique, réputé pour la sévérité de sa plume et de ses jugements, vient de louanger en catimini, dans un grand quotidien du matin, le restaurant mode créé par ce dernier  dans un magnifique hôtel particulier XVIIIe du boulevard St Germain. Quand on sait le poids publicitaire qu’occupe la maison RL dans les medias, notamment féminins et de mode, dont l’un dépendant du dit quotidien a fait sa une sur lui la même semaine, on comprend l’effroi ou la peur que peut susciter un article comportant des critiques un tantinet acides sur le neuf restau chouchou du grand homme de mode américain.

La vérité? Le lieu est beau, superbe même, avec sa déco rustique/chic, son mobilier boisé, ses jolis coussins, son splendide patio, son air « country en ville ». Bref, c’est l’événement mondain du moment. Tout le monde, sinon le tout Paris, se presse, accourt et fait la cour pour guigner une place au dehors. Le jour de mon passage, Danièle Thompson (dont j’ai adoré « la Bûche » et « Fauteuils d’Orchestre ») était là avec quelques amis et son mari Albert Koski, étonnant sosie de Warren Beatty, faisait les cent pas du dit-patio vers l’intérieur. Ce qui contribuait à la touche très cinématographique du lieu.

La carte, écrite en anglais, est exclusivement US, quoique revue à la française. Le service était interminable (1h pour l’entrée, puis 45 mn pour la suite mais comme c’est beau et qu’on est au spectacle, on ne râle pas trop) – c’était, il est vrai, au tout début, et l’on peut dire qu’il était en rodage. Côté cuisine, si les produits sont de qualité, leur présentation, surveillée paraît-il par Mme Ralph Lauren elle même, était sans génie, sur un mode allégé (on dit « light » aujourd’hui, même en français), et le clam showder, avec ses pommes de terre émincées, non épluchées,  ses coques plus que ses clams (mais j’ai droit à l’erreur!), genre soupe non passée, la gentillette salade César, un peu maigrichonne, le cocktail de crevettes (davantage quelques crevettes avec leur sauce qu’un vrai « shrimp cocktail »), l’honorable burger Ralph’s avec les pains ronds signés Eric Kayser, comme le steak double RL, en direct du ranch de Ralph Lauren, mais servi simplement avec de bonnes frites et du ketchup (!) et tarifé 48 € (!!!) n’étaient pas mal, quoique sans relief véritable.

Mais le lieu est beau, et si l’on en les moyens, après tout, pourquoi ne pas tenter l’aventure (pour la gastronomie plus la mode, Armani et sa neuve terrasse sont quasiment à côté et sur le même côté du boulevard). Un bon point, en tout cas, pour le joli gâteau au chocolat un tantinet feuilleté praliné, surmonté d’une crème rose amusante, comme à l’exquis pinot noir signé Coppola made in Santa Helena. Quelques sandwiches au déjeuner, dont un honnête « Club », avec dinde et bacon, permettent d’alléger la note. Le jour de mon passage, l’adorable Olivier Maurey de Luderic Evénement, qui m’a vite repéré, m’a juré que la maison se peaufinerait, que le succès était une déferlante difficile à contenir et que, bref, Ralph’s côté cuisine sera bientôt aussi bien que côté « chino »(ses fameux pantalons relax)… On ne demande qu’à revérifier…