Mougins: les Etoiles ne brillent plus pour tout le monde
Alain Angenost, notre correspondant de la Côte d’Azur, a moins aimé la manifestation des Etoiles de Mougins. Il dit ici pourquoi cette joyeuse rencontre gourmande perd peu à peu son âme.
Roger Vergé avait donné à sa ville d’adoption ses lettres de noblesse gourmande. Il fut, à juste titre, le premier parrain légitime des « Étoiles de Mougins », manifestation annuelle qui vient de fêter sa 7e édition. Lui ont succédé quelques uns meilleurs chefs de France : Christian Willer, Marc Veyrat, Émile Jung, Anne-Sophie Pic, Éric Fréchon. Avec les meilleurs produits à l’honneur, régionaux et transalpins, comme ceux de Davide Dalmasso, dont La Cambuse importe le meilleur de l’Italie, les démonstrations de chefs locaux ou internationaux, les concours de sommellerie, de jeunes cuisiniers et même celui des maires. Bref, le programme était alléchant.
En 2012, le festival voulant monter en puissance, malgré la crise, a fait place aux médias de la gastronomie, thèmes majeurs de ce millésime. Frédéric Anton, parrain de la 7e édition, et les participant(e)s, starisé(e)s par Masterchef et Top chef, signant des autographes sans compter, les nombreux autres chefs présents en étaient presque invisibles. Signe que cette manifestation festive et bon enfant commence à perdre de son âme. Pourtant les moyens étaient là: affichage, écrans et barnums géants. La presse parisienne invitée à grands frais a totalement éclipsé les médias locaux – quasiment ignorés. La télé est-elle devenue un miroir déformant pour les jeunes qui se voient chanteurs, footballeurs et maintenant cuisiniers ? Trop de « peopolisation » tue le message. Car ce métier est difficile, et il serait vain de croire ou laisser croire que l’on peut en être une star du jour au lendemain.
Revenons alors aux valeurs premières: apprendre et partager. Moins de showbiz, et les Étoiles de Mougins retrouveront leur éclat.